Dans le cadre des auditions annuelles qu'il dirige sur les activités des différents départements ministériels, M. Abdelaziz Bouteflika, président de la République, a présidé le 29 août 2010 une réunion restreinte d'évaluation consacrée au secteur de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Le compte-rendu publié, avant-hier, par l'APS indique que concernant la problématique des produits pharmaceutiques, et au regard des premiers résultats enregistrés, le chef de l'Etat a réitéré ses directives pour promouvoir la production nationale du médicament, en ciblant en priorité les médicaments essentiels. Le président de la République a demandé la réhabilitation de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) pour en faire, « un instrument de sécurisation et de régulation de l'approvisionnement des structures publiques de santé en produits pharmaceutiques ». Même si le compte-rendu publié par l'APS n'en fait pas référence, le problème de la pénurie de médicament a certainement été évoqué. Le marché des médicaments connaît depuis un certain temps une perturbation inquiétante. Le Syndicat national des pharmaciens d'officine (SNAPO), a indiqué, récemment que la liste des médicaments en rupture sur le marché compte 150 produits, dont les plus essentiels prescrits pour les maladies chroniques, tels que le diabète, l'hypertension, le cancer et même la pilule contraceptive. La pénurie touche toutes les catégories de produits pharmaceutiques, des corticoïdes injectables aux pommades ophtalmiques, les sirops antitussifs, les antibiotiques, les antihistaminiques d'hormones, les collutoires, les vitamines, les contraceptifs. Le plus grave est que dans cette liste, se trouvent des médicaments qui n'ont pas de produits de substitution. Des statistiques que le représentant de la pharmacie centrale a remises en cause, affirmant le taux de produits en rupture est de 32% seulement. «14% des médicaments cités dans la liste ne sont pas des médicaments essentiels», a précisé le même responsable, indiquant que «38% de ces médicaments sont disponibles sur le marché algérien sous forme de médicaments génériques». «Une grande partie de ces médicaments sont déclarés comme médicaments rares, alors qu'en réalité leur importation est interdite car produits ou adaptés en Algérie». Lors d'une réunion consacrée à la gestion du marché des médicaments en Algérie, le ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière avait annoncé que dix milliards de dinars seront injectés pour pallier la non disponibilité de certains médicaments sur le marché national. Il avait affirmé par ailleurs que la pharmacie centrale "bénéficiera de l'aide de l'Etat pour une meilleure efficacité en matière de disponibilité des médicaments à l'ensemble des établissements hospitaliers, relevant toutefois les difficultés financières que connaît cette structure dont les redevances sont estimées à 14 milliards de DA et les dettes à 19 milliards de DA". Les producteurs eux estiment que si le gouvernement n'apporte pas d'allégements au Credoc, la situation risque encore de s'aggraver. Le gouvernement a instauré en 2009 le Crédit Documentaire (Credoc) comme unique moyen de payement des importations, y compris celles de médicaments. Le premier semestre 2010 enregistre une baisse de 22% de la facture des importations par rapport à la même période en 2009. Sur le plan de développement humain, le ministre de la Santé a relevé la tendance observée cette dernière décennie en matière d'amélioration constante des indicateurs de base de l'état de Santé de la population ; l'Etat a consacré 8% du PIB en 2010 contre 3,96% en 1999. Ces indicateurs concernent notamment une augmentation de l'espérance de vie à la naissance, qui atteint 75,5 ans pour les hommes et 76,5 ans pour les femmes ; un recul de la mortalité, notamment infantile, qui est passée de 39,4 décès pour 1.000 naissances en 1999 à 24,2 en 2009 et une quasi-extinction des maladies contrôlables par le programme élargi de vaccination. À la lumière des progrès enregistrés grâce aux efforts de tous les acteurs, la politique de santé publique accorde désormais un intérêt plus soutenu aux maladies non transmissibles. En ce qui concerne la qualité des soins et la prise en charge des usagers des structures publiques de santé, un large audit portant, notamment sur l'hygiène hospitalière, s'est traduit par la prise de mesures relatives à l'équipement de toutes les structures de santé en matériels adaptés de stérilisation et d'élimination des déchets à risques infectieux. La situation sanitaire globale a connu une amélioration significative : le nombre de médecins par habitant est passé de 1 pour 1 750 habitants en 1999 à 1 pour 908 habitants en 2010 et le nombre de lits par habitant est passé de 1,44 lit pour 1 000 habitants en 1999 à 1,94 lit pour 1 000 habitants en 2010. Cette situation est appelée à s'améliorer par une meilleure couverture des différentes wilayas, de manière à éliminer les disparités qui peuvent encore exister. Le personnel paramédical, qui compte 100 000 agents, toutes spécialités confondues, exerçant au sein des établissements publics de santé, verra son effectif renforcé grâce à un réseau de 24 écoles spécialisées inscrites dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014. Parallèlement, l'effort de formation entrepris en 2009 pour 10 500 élèves se poursuivra à la rentrée pédagogique 2010-2011.En matière de gestion hospitalière, le secteur s'est doté d'une Ecole nationale de management et d'administration sanitaire qui a pour mission la formation de cadres gestionnaires des établissements de santé. Le ministre indique que le programme quinquennal 2010-2014 concerne la réalisation de plus de 1 000 structures de santé. Enfin, et dans le domaine des produits pharmaceutiques, des progrès ont été enregistrés grâce aux mesures de promotion et de développement de la production nationale du médicament. Le premier semestre 2010 enregistre une baisse de 22% de la facture des importations par rapport à la même période en 2009. La santé est malade en Algérie et les ministres qui se sont succédés à sa tête n'ont pas trouvé de remède A l'issue de l'évaluation du secteur, le président de la République a relevé les progrès significatifs réalisés par notre pays concernant les indicateurs sanitaires de base. Cependant, le chef de l'Etat a souligné que "la satisfaction des citoyens nécessite des améliorations qualitatives constantes". Aussi le président de la République a instruit le gouvernement à l'effet de dégager «toutes les mesures allant dans le sens du strict respect de la continuité des soins, de la prise en charge rapide des malades et d'une plus grande rationalisation de la gestion des infrastructures de santé publique». Malheureusement, aujourd'hui les structures de soins et particulièrement les hôpitaux offrent une image peu reluisante du secteur de la santé dans notre pays. La dégradation des prestations de soins s'ajoute à l'accueil et à la prise en charge défaillants des malades.