Officiellement, les jeux du Commonwealth s'ouvrent le 3 octobre prochain en Inde. En réalité, les retards accumulés depuis le début des préparatifs risquent de porter un malheureux coup à l'organisation de ce concert sportif international. Première conséquence, le village des Jeux ne sera habitable que quatre jours avant l'ouverture des Jeux. Pas avant aujourd'hui donc. Et personne ne sait si les Jeux ouvriront à temps. Pas plus tard que dimanche dernier, la ministre en chef de New Delhi annonçait que seulement 600 des 1 168 appartements étaient prêts. En fin de semaine, les médias ont révélé qu'aucun bâtiment sanitaire n'avait été prévu pour le personnel de sécurité. Il reste un travail "considérable" à faire pour mettre en état les infrastructures. Le dommage pour la réputation de l'Inde prend de l'ampleur de jour en jour. Le président de la fédération des Jeux du Commonwealth, qui vient de visiter le village sportif n'a pas manqué de souligner que "ce qui est certain c'est que le travail énorme fait actuellement aurait dû être fait plus tôt", dressant une interminable liste de problèmes dans les transports, la sécurité, l'incendie, les plans d'évacuations et les services médicaux. Quelque 7.000 athlètes et officiels de 71 nations, principalement d'anciennes colonies britanniques, étaient attendus du 3 au 14 octobre pour ces 19e Jeux, censés être la vitrine de l'Inde moderne. Mais de nombreux athlètes hésitent à faire le déplacement, craignant pour leur sécurité, après l'effondrement d'une passerelle et du plafond d'un stade et d'une éruption de dengue provoquée par des moustiques gravitant autour des eaux stagnantes près des chantiers. Les Jeux du Commonwealth étaient présentés comme une chance d'attirer les regards sur l'Inde et son statut de superpuissance économique émergente. Mais au lieu de briller aux yeux du monde, le pays n'a pour l'heure réussi qu'à montrer son profil le moins reluisant. L'inquiétude depuis des mois concernant les retards de chantier, s'est transformée en crise quasi identitaire à dix jours de l'ouverture, de nombreux observateurs, indiens et étrangers, s'interrogeant sur la capacité du pays à organiser un événement d'envergure internationale. L'effondrement d'un pont en construction et d'un faux-plafond du principal stade devant accueillir les 7.000 athlètes de 71 nations et la découverte horrifiée de l'état sanitaire du village sportif par des délégations fraîchement arrivées dans la capitale ont semé un profond doute. De grands noms de l'athlétisme ont déclaré forfait, tandis que plusieurs équipes, dont la Nouvelle-Zélande, ont retardé leur départ, voire réservé leur décision, comme l'Ecosse. Le président du comité organisateur indien, Suresh Kalmadi, n'a eu de cesse de répéter que cet événement serait non seulement à la hauteur des Jeux olympiques de Pékin en 2008, qui avaient impressionné l'Occident par son organisation et ses fastes, mais aussi "les meilleurs jamais organisés". Las, le pays qui s'enorgueillit de son statut de troisième puissance économique d'Asie et cherche à s'imposer sur la scène internationale, n'a pas réussi à relever le défi. La différence entre la "Shining India", l'"Inde qui brille" vantée par les autorités à grands renforts de chiffres sur la croissance économique (7,4% l'an dernier) et la réalité quotidienne est apparue dans son jour le plus cru. Des voix s'élevaient toutefois pour minimiser les dégâts en matière d'image. "Nous avons réussi beaucoup de choses, par exemple nous avons la plus grande raffinerie au monde, et il s'agit du secteur public, et si nous regardons les chiffres, nous avons 8,8% de croissance", a relevé le Secrétaire général de la Fédération indienne des chambres de commerce et d'industrie (Ficci), en référence aux derniers chiffres trimestriels de croissance. Plusieurs mettent à l'index les dirigeants :"il ne s'agit pas de l'incapacité de l'Inde à construire des infrastructures. Il s'agit de l'incapacité du Gouvernement indien", estime-t-on.