Le Séminaire international ouvert hier à Alger est venu à point nommé reposer de manière plus sérieuse, les termes de la problématique du chômage et de l'emploi en Algérie, dont les statistiques officielles ne contribuent pas toujours à cerner la réalité des choses. La rencontre à laquelle participent des experts étrangers, venus des pays arabes et d'Europe, permettra peut-être de recadrer méthodes et procédés utilisés par les Institutions dans l'observation de l'évolution de la question du chômage et des efforts consentis, notamment ces dix dernières années, afin de réduire le phénomène. C'est que les statistiques officielles sur cette problématique n'ont jamais créée l'unanimité autour d'elle. Certains observateurs estiment qu'elles ne cadrent pas avec la réalité économique et sociale. Il en est ainsi de la question du taux de chômage que le gouvernement estime autour de 11%, alors que des sources indépendantes ou des Organisations internationales considèrent que ce taux est loin de refléter la véritable image du chômage dans le pays. Certains spécialistes de la question, contestant les méthodes de calculs auxquelles ont recours les pouvoirs publics, assurent que le taux de chômage véritable en Algérie, se situerait entre 30 et 35%. Les statistiques officielles prennent en effet en considération, tous les emplois créés durant la décennie écoulée sans distinction de la nature des postes offerts. La question qui se pose : est-ce que l'on peut considérer les emplois créés dans le cadre des dispositifs mis en place, par les collectivités locales comme des emplois proprement dits malgré leur caractère temporaire ? Et les milliers de postes créés par les grands projets (barrages, routes, métro, tramways…), lancés à travers le pays ? Peut-on les considérer comme des emplois à plein temps tout en sachant qu'ils ont tous une limite dans le temps ? C'est en tout cas les questions qui fondent le débat aujourd'hui en Algérie sur la question de l'emploi. Le Séminaire ouvert hier va aussi aborder le volet lié à la problématique de la gestion du marché du travail et ses effets sur la promotion de l'emploi ainsi que la lutte contre le chômage, notamment chez les jeunes primo demandeurs d'emplois. Au cours de cette rencontre, les participants au séminaire procéderont également à l'examen et à l'analyse des expériences en matière d'intermédiation sur les marchés du travail dans certains pays maghrébins, arabes et européens, ainsi que les expériences étrangères sur le rôle du secteur privé dans le placement des travailleurs et sa contribution dans la régulation du marché de l'emploi. Les expériences «réussies» et les stratégies adoptées par les pays participants pour la promotion de l'Emploi et la lutte contre le chômage seront également évoquées de même que l'analyse de la problématique et les spécificités de l'insertion professionnelle des diplômés sur le marché du travail. A l'ouverture du Séminaire, présidé par le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, M. Tayeb Louh, le directeur de programme du Bureau international du travail (BIT), M. Giuseppe Casale, a appelé à aboutir à des «propositions concrètes», pour une prise en charge «meilleure» de l'emploi. Il a également insisté sur «la concertation et les échanges d'expériences entre les différents pays dans le cadre de la lutte contre le chômage et la préservation des postes d'emploi ». Relevant la participation «qualitative» et de «haut niveau» à ce Séminaire, M. Kchaou, cadre du Centre arabe pour l'administration du travail, a considéré que la crise économique et financière de 2009 a accentué le chômage d'où la nécessité, a-t-il dit, de se concerter et conjuguer les efforts des différents pays à même d'atténuer les effets de ce phénomène «néfaste» au maintien de la stabilité sociale. Par ailleurs, les deux derniers jours de cette rencontre verront l'organisation d'un atelier de formation sur l'administration du travail et de bonne gouvernance, qui sera animé par des experts spécialistes des questions liées aux missions, aux fonctions techniques, à l'organisation et au fonctionnement de l'administration du travail. Cet atelier tend à expliciter les concepts contenus dans les normes internationales en les comparant avec ceux utilisés dans la législation nationale. Organisé par le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, ce séminaire de quatre jours (3-6 octobre), est initié par l'Algérie en partenariat avec le Bureau international du travail (BIT), le Centre international de formation de l'Organisation international du travail (OIT) de Turin et le Centre arabe pour l'administration du travail et l'emploi de Tunis. Les pays du Maghreb, le Liban et la Syrie ainsi que l'Espagne, l'Italie et la France prennent part à ce séminaire.