Alors que la société algérienne est en pleine mutation, que les mœurs progressent dans un sens comme dans l'autre, et que les extrémismes rampants s'emparent de plus en plus du vide laissé par les fractions traditionnelles, les violences contre les femmes continuent à sévir chez nous. C'est du moins ce que l'on comprend de l'intervention de M. Dalilia Djerbal, présidente du réseau Wassila, invitée hier sur les ondes de la Radio Chaîne III. Selon elle, le standard du réseau est assailli d'appels de ces femmes victimes de toutes sortes de violences, verbales, physiques, humiliations ou même pressions économiques. Pire que cela, sur 300 appels, M.Djerbal estime le nombre de plaintes à 5. Un chiffre insignifiant qui dénote bien de la difficulté qu'ont ces femmes pour sortir de ces drames humains. Ce n'est d'ailleurs surement pas par hasard que les femmes préfèrent le téléphone pour parler de leur tragédie. Un moyen de se plaindre, sans se dévoiler, en gardant leur anonymat. Le poids des traditions étant de plus en plus pesant. A ce titre, les chiffres présentés par M.Djerbal font froid dans le dos. 40% des appels, réclament carrément une aide psychologique. Les femmes se plaignent en majorité de violences faites au sein même de la famille, ce qui n'arrange en rien les choses. Selon M.Djerbal, il devient indispensable d'adapter les dispositions des lois à la réalité du terrain, ce qui est loin d'être le cas. Notamment l'inscription de la violence conjugale sur le code pénal. La loi protégeant les femmes contre les violences est trop généraliste d'après la présidente du réseau Wassila. Celle-ci ne fait aucune distinction entre la violence en milieu public et privé, alors qu'aucune loi criminalisant la violence conjugale n'existe. Ceci nonobstant les eternels tabous. Si, porter plainte contre un étranger pour violence rentre dans le cadre de la normalité, le faire contre un parent, est quasi proscrit pour une grande partie de la gente féminine. Pourtant la violence au sein de la famille représente la portion la plus importante des brutalités subies par ces dames. Ajouter à cela une sorte d'inégalité juridique, dont les conséquences sont désormais connues.