C'est pratiquement acquis : les douze membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ont annoncé samedi qu'il n'y aura pas de modification de la production tenant compte de prix juste en-dessous de 90 dollars US le baril et de l'incertitude persistante de l'économie mondiale. Dans un communiqué, les ministres de l'Energie de l'OPEP, réunis à Quito en Equateur, citent les risques qui défient «la fragile reprise économique mondiale» dont «les craintes d'une seconde crise bancaire mondiale». La décision des 12 membres du cartel est fondée sur sa projection d'une progression moins rapide de la demande en 2011 par rapport à cette année. C'est le président sortant de l'organisation, le ministre équatorien du Pétrole Wilson Pastor, qui a effectué l'annonce. Ali Naimi, le ministre du Pétrole du plus important producteur de l'OPEP, l'Arabie Saoudite, a déclaré à des journalistes, avant la rencontre, qu'il ne voyait pas le besoin d'augmenter la production. «Le marché est équilibré et stable», a-t-il dit, avant d'affirmer qu'il était à l'aise avec un prix variant entre 70 et 80 dollars US le baril. Son homologue vénézuélien, Rafael Ramirez, a indiqué qu'il estimait que le prix du baril de brut se dirigeait plutôt vers la barre du 100 dollars US, un prix que son pays considère comme «approprié», a-t-il expliqué. L'annonce de «l'absence de changement» était largement prévue par les experts, qui n'avaient que peu d'attentes envers la réunion. Les membres de l'OPEP, qui produisent les 35 pour cent de la production mondiale de pétrole, ne voient pas donc la nécessité de modifier les quotas de production depuis la fin de 2008. Le mois dernier, M. Naimi a laissé entendre qu'un baril de 70 à 90 dollars US l'unité était tolérable pour les consommateurs. Le cartel quinquagénaire a vécu une bonne année, avec des prix se situant aux alentours de 85 dollars US le baril, et des profits en hausse de 32 pour cent depuis 2009. Ceux-ci atteignent 750 milliards dollars US, selon des estimations du département américain de l'Energie. L'OPEP ne publie pas les données relatives à ses profits. Le pétrole a atteint un sommet en deux ans, mardi, flirtant avec les 91 dollars US le baril - alors que les spéculateurs envisageaient la demande en 2011 et prenaient en compte un hiver particulièrement rude en Europe. Le président équatorien Rafael Correa a, de son côté, appelé samedi les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), réunis à Quito, à soutenir l'idée d'une taxation des exportations pétrolières. «Appliquer une taxe sur les sources d'émissions (de gaz à effet de serre, ndlr) permettrait d'atteindre la justice économique et la justice climatique, car les consommateurs de pétrole payeront davantage pour des émissions à produire», a fait valoir M. Correa, à l'ouverture de la rencontre de l'Opep. Selon le responsable équatorien, dont le pays assurait cette année la présidence du cartel pétrolier, l'application d'une taxe de 5% sur l'ensemble des exportations de brut actuelles pourrait générer annuellement quelque 40 milliards de dollars. «L'Opep pourrait réussir là où le protocole de Kyoto a échoué, à faire en sorte que les émetteurs de CO2 assument les effets de leurs actions et paient pour la pollution qu'ils génèrent», a assuré M. Correa.