La Coface, prévoit un taux de croissance de 3,2% en 2010, contre 2,2 en 2009. « Le rebond de la croissance a été dopé la remontée des cours du baril et de la production de pétrole, s'ajustant à une demande extérieure en hausse et aux quotas décidés par l'OPEP » indique l'Assureur-Crédit français. Hors hydrocarbures, l'activité a progressé « à un rythme soutenu », tirée par les dépenses publiques. En 2011, estime la Coface, «la croissance globale devrait être du même ordre qu'en 2010, en deçà en fait du potentiel du pays ». La production d'hydrocarbures devrait peu progresser, la demande risquant de pâtir, notamment d'une croissance économique modeste en Europe. En revanche, souligne la Coface, les secteurs hors hydrocarbures devraient encore enregistrer une bonne performance, principalement grâce à la poursuite du vaste programme d'investissements publics (infrastructures et habitat). « Néanmoins, la croissance hors hydrocarbures représente une part plus réduite du PIB et contribue donc modérément à la croissance globale de l'économie » tempère l'organisme français. Le déficit budgétaire apparu en 2009, suite à une baisse des recettes pétrolières combinée à une politique expansionniste, s'est tassé en 2010, malgré une augmentation soutenue des dépenses publiques. Ce déficit doit perdurer en 2011, en raison de la poursuite de la modernisation des infrastructures et d'une hausse des rémunérations dans l'administration. « Toutefois, les revenus pétroliers mis en réserve dans le Fonds de Régulation des Recettes permettent de financer ces déficits. Le pays bénéficie, en outre, d'un endettement public modéré qui lui fournit une marge de manœuvre » note la Coface. Avec les exportations d'hydrocarbures, la balance commerciale doit rester excédentaire et par la même le compte courant, malgré l'augmentation prévue du prix du blé, dont l'Algérie est l'un des plus gros importateurs au monde. « De plus, la facture des importations sera limitée par les mesures rigoureuses prises par les autorités depuis 2009 pour réduire les achats à l'étranger » indique l'Assureur-Crédit. Dans ce contexte, d'imposantes réserves de change confortent une situation financière extérieure déjà solide. En outre, une politique active de désendettement extérieur, via le remboursement anticipé de la dette rééchelonnée et l'interdiction faite aux entreprises d'emprunter à l'étranger, a ramené les ratios afférents à des niveaux très faibles. L'importance des réserves de pétrole et de gaz, une situation financière extérieure solide (très faible endettement extérieur et énormes réserves de change) et politique d'investissements publics visant une diversification de l'économie sont, du point de vue de la Coface, les points forts de l'économie algérienne. Pourtant, l'économie est caractérisée par une forte dépendance envers le secteur des hydrocarbures, un poids économique excessif du secteur public, une fragilité de l'environnement des affaires, faiblement incitatif pour les firmes étrangères et taux de chômage élevé, particulièrement chez les jeunes. Si la Coface a maintenu notre pays au même niveau (A4), depuis décembre 2005, elle a mis sous surveillance la note environnement des affaires. La Coface rappelle que les mesures restrictives, visant les importations et les investissements étrangers, ont été introduites dans le cadre de la loi de Finances complémentaire (LFC) de juillet 2009. La LFC de fin août 2010 a légèrement assoupli certaines de ces mesures, tout en introduisant de nouvelles dispositions contraignantes. Ces restrictions ont pour but de protéger les intérêts économiques du pays et de promouvoir les industries nationales. « Elles semblent néanmoins peu propices à l'amélioration du climat des affaires et au développement du secteur privé » souligne la Coface. En se fondant sur son expertise en matière d'appréciation des risques pays, Coface constate une tendance positive quant au nombre de changements de notes pays pour l'année 2010, écartant le scénario d'un « double DIP ». Si en 2009, Coface a procédé à 23 reclassements ou mises sous surveillance positive et 47 déclassements ou mises sous surveillance négative, en 2010 elle a reclassé ou placé sous surveillance positive 47 pays et n'a déclassé ou placé, sous surveillance négative, que 6 pays. Le panorama mondial du risque-pays, présenté lors du colloque de 2010, souligne un effet de ciseau prononcé des risques entre les pays avancés et les pays émergents, lié à la stabilité des performances des derniers et à la résistance de l'expérience de paiement constatée par Coface sur les entreprises des économies émergentes pendant la crise. Les pays émergents affichent des rythmes d'activité élevés et stables et une forte solidité financière, alors que les risques se sont dégradés pour les pays avancés. Parmi ces derniers, seulement 9 sur 28 ont retrouvé leur niveau d'avant-crise. Avant la crise, la note la plus basse des pays avancés était A2, 9 pays émergents avaient des notes supérieures ou égales à A2. En 2010, la note la plus basse des pays avancés est A4. 27 pays émergents dont la Chine, la Turquie, le Brésil, l'Inde ou la Pologne ont des notes supérieures ou égales à A4 et se retrouvent mieux notés que la Grèce, l'Irlande ou le Portugal, sujets aux bulles de la dette qu'elle soit privée ou publique. La Turquie est désormais seulement un cran en dessous du Royaume-Uni, la Pologne est mieux notée que l'Islande. « Traditionnellement, le concept de risque-pays était réservé aux économies émergentes, avec un risque majeur lié à la dette en devises de ces pays. Or, la zone euro a montré qu'on pouvait être en crise avec une dette externe très élevée mais libellée en « monnaie locale ». Cette grille de lecture vole donc en éclat », explique François David, président de Coface. « Ces évolutions nous confortent dans notre choix de méthodologie : Coface n'a jamais réellement fait de différence de nature entre les pays émergents et les pays avancés ».