L'Etat ne s'est pas fait attendre. Quelques semaines après l'annonce par le président de la République que l'état d'urgence sera levé incessamment, l'Assemblée populaire nationale (APN) vient d'adopter, à une très large majorité, l'ordonnance du Conseil des ministres. L'Ordonnance complétant celle de 1966 portant code de procédure pénale ainsi que l'Ordonnance relative à la participation de l'Armée nationale populaire (ANP) à des missions de sauvegarde de l'ordre public hors des situations d'exception ont été également adoptées. Absents de la séance, les députés du RCD et du FNA n'ont pas pris part au vote. Ces deux partis de l'opposition avaient décidé récemment de «suspendre» leur participation aux activités des deux chambres du Parlement. Les travaux de cette session, dirigés par le président de l'APN, Abdelaziz Ziari, se poursuivront par l'examen, durant trois jours, du projet de loi relative à la commune. La levée de l'état d'urgence, en vigueur depuis 1992, (plus de 19 ans) a été souvent réclamée par des partis de l'opposition qui y voyaient une entrave aux libertés collective et individuelles. Devant l'insistance des partis et d'un certain nombre de députés, le président Bouteflika avait annoncé, le 3 février que l'état d'urgence serait levé incessamment. Indiquant qu'il allait soumettre rapidement un projet de loi pour son abrogation. Le projet de loi a été effectivement soumis au Conseil des ministres, après avis du Conseil d'Etat, avant d'être déposé devant l'APN qui a avalisé, hier, le texte portant levée de l'état d'urgence. La mise en place de l'état d'urgence a été effectuée, rappelle-on, dans un contexte de violences terroristes qui ont fait des centaines de milliers de morts durant la décennie noire. Le président avait tenu à signaler que l'état d'urgence avait été instauré «pour les seuls besoins de la lutte antiterroriste et c'est cette raison uniquement qui en a dicté le maintien sur une base légale». S'appuyant sur ce contexte précis, les protestataires avaient soutenu qu'avec l'amélioration de la situation sécuritaire, «le maintien de l'état d'urgence n'avait plus aucune raison d'être, sauf d'entraver les libertés politiques.»