«Nous sommes des campagnards longtemps oubliés et, pourtant, chaque matin nos yeux se portent naturellement sur le Rocher de Constantine, si proche, juste en face, après Ibn Ziad et les jardins de Hamma Bouziane», a déclaré le président de l'APC de Boudjeriou, Sebti Boudraa, qui constate, visiblement satisfait, en constatant que sa commune commence à sortir sa tête de l'eau après avoir été confinée dans l'anonymat. Cette commune, anciennement appelée Aïn Kerma, relevant de la daïra d'Ibn Ziad, a pris, après l'indépendance du pays, le nom d'un fidaï de Constantine, le chahid Messaoud Boudjeriou. Un nom qui sera bientôt connu à travers toute la wilaya et même au-delà, espèrent les responsables, qui disent disposés à mettre en œuvre les moyens nécessaires pour sortir définitivement de l'anonymat. Effectivement, on en parle déjà grâce aux efforts de développement consentis qui ont réussi à la réveiller d'un sommeil prolongé. La commune garde, néanmoins, son ancien nom auquel s'étaient habitués les anciens qui se disent fiers de leur ville qui donné des chouhada et des personnalités ayant occupé et occupent encore des postes importants à l'échelle nationale, à l'instar de Cherif Boursas, Rabah Bitat, etc. La commune est donc sortie de l'anonymat et peut compter parmi les communes les plus verdoyantes de la wilaya de Constantine grâce au travail de la terre qui en fait un véritable éden verdoyant au grand plaisir de ses habitants. Le président de l'APC, reste intarissable sur l'histoire glorieuse de la commune de Messaoud Boudjeriou. Une Histoire intimement lié à sa désormais prospérité agricole et la rente de situation que procure sa proximité avec Constantine, des atouts longtemps mis entre parenthèses. Le travail de la terre : un credo Aujourd'hui, avec 9.000 habitants, dont 5.059 dans le chef-lieu, cette commune qui atteint un taux de couverture en gaz naturel de prés de 80%, offre un aspect franchement urbanisé et pourtant, tous les foyers ici, ont un lien avec l'agriculture. Pour preuve, le maire estime à 10%, la contribution de la commune de Messaoud Boudjeriou à la production céréalière de la wilaya de Constantine qui compte pourtant, des plaines aussi fertiles que celles de Ain Abid, El Khroub et Ain Smara. Avec une superficie agricole de 10.000 hectares pour 8.000 ha de surface agricole utile (SAU), cette commune opère actuellement un retour résolu au travail de la terre, à la faveur des aides accordées par l'Etat à ce secteur et surtout, grâce à la nouvelle réglementation régissant le foncier agricole. De plus, les efforts consentis pour généraliser la pénétration du gaz naturel, y compris dans les centres d'habitation les plus éloignés comme Kef Beni Hamza, Ain Lekbira, Abdallah Bouhssane et Messida, les travaux d'amélioration en cours de réalisation, la modernisation du chemin de wilaya 102, le lancement à la construction de 160 logements sociaux locatifs et de 390 logements ruraux, la construction du premier lycée de la commune, sont autant de facteurs qui encouragent cette reprise du secteur de l'agriculture dans ce terroir connu depuis toujours pour son blé dur, ses légumes secs, notamment les petits pois auxquels on consacre, ici, des centaines d'hectares. Les anciens se souviennent que les moissonneurs avaient l'habitude de fêter l'approche d'une bonne récolte de céréales en tressant, avec des épis, un pendentif que l'on appelait El Mechata, destiné à décorer les foyers. Le frik (blé vert grillé et séché) destiné à la chorba du Ramadhan, était quant à lui préparé au printemps. Il est déjà loin ce temps où presque toutes les terres fertiles étaient propriété des colons européens. Les paysans sans terre qui n'étaient pas khammès, ouvriers agricoles ou exploitants de minuscules parcelles marginales, vivaient de la vente de plantes comestibles, notamment ces cardes sauvages. S'appuyer sur l'Histoire pour construire l'avenir A Messaoud Boudjeriou, on prend soins de ne rien oublier de l'histoire et des sacrifices consentis pour l'indépendance. Cependant, la vie quotidienne tourne résolument le dos à ce passé de privations et d'injustices intolérables. Bien mieux, dans ces campagnes où il n'était pas conseillé de s'aventurer il y a seulement une décennie, l'élimination des stigmates de l'insécurité et de la violence terroriste s'est accompagnée d'une prise en charge durable des besoins de la population, décidée plus que jamais à se fixer dans ces terroirs. Pour s'en convaincre, il suffit de constater que dans les mechtas les plus reculées, où l'on ne voyait que d'humbles gourbis de chaume, se dressent aujourd'hui des constructions cossues. Le transport est assuré tant à la population qu'aux écoliers qui bénéficient de cantines scolaires. De plus, les soins sanitaires n'ont rien à envier à ceux dispensés dans le chef-lieu de commune. Captage de sources, construction de retenues collinaires, projets de développement rural intégrés, la commune de Messaoud Boudjeriou ne compte pas les projets qui sont en train de la sortir de l'oubli.