L'œuvre de la regrettée chanteuse algérienne Warda El Djazaïria, qui s'est éteinte jeudi en son domicile au Caire, restera éternelle et servira de modèle à la jeune génération d'artistes, s'accordent à dire des artistes algériens contactés vendredi par l'APS. L'artiste Mohamed Boulifa, interprète et compositeur, pour qui la défunte chanteuse représente un «symbole national», voit en la disparition de cette diva de la chanson arabe une «grande perte» pour le monde artistique. «Cette grande dame restera à jamais dans nos cœurs. Seul son corps nous a quittés. Son image, sa voix et ses chefs d'oeuvre nous hanteront agréablement pour toujours», a-t-il dit. Pour cet artiste, qui a composé à Warda «Biladi Ouhibouki» du poète Moufdi Zakaria en 1995, la jeune génération de chanteurs au talent prometteur devraient prendre son parcours artistique comme modèle s'ils aspirent vraiment à réussir dans le monde de la chanson. «Au delà de son talent artistique inégalé, Warda El Djazaïria était une femme très sensible et d'une grande générosité», a tenu à ajouter Boulifa. Pour sa part, la chanteuse Fulla El Djazaïria, a exprimé sa grande peine de voir «un des symboles de la chanson arabe ainsi disparaître». «La mort a pris notre plus belle rose. Je suis très triste. C'est elle qui m'a fait aimer la chanson orientale. Warda avait une belle voix et une forte présence sur scène. Elle avait tout d'une diva», indique Fulla qui a interprété certains des titres de la défunte lors de divers concerts et émissions télévisées en Orient. «Warda était une école de la chanson. Elle nous a quittés en laissant derrière elle un riche répertorie qui restera éternel», a-t-elle conclu. Le directeur de l'orchestre symphonique national, Abdelkader Bouazzara, a de son coté exprimé sa profonde tristesse après la disparition de Warda notamment à la veille des festivités célébrant le cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. «Célébrer le cinquantenaire de l'Algérie sans Warda, cette diva qui a toujours été au rendez-vous des grands événements nationaux, m'est très pénible. Nous avons perdu un authentique monument de la chanson arabe», a-t-il déploré. «Je suis très touché par la perte de cette grande dame qui a réussi à se faire une place de choix parmi les grands noms de la chanson arabe. Elle a démontré son talent artistique jusqu'au dernier souffle», a ajouté M. Bouazzara. Diva arabe Elle n'est pas en reste la jeune génération d'artistes algériens, qui verse dans des styles pourtant complètement différents de celui qui a fait la grandeur de la diva à la voix exceptionnelle: le jeune poète et slammeur Khaled Mouaki se dit, pour sa part, attristé de voir la culture algérienne ainsi «amputée de l'un de ses plus grands talents». «Sa voix a bercé notre enfance et ses chants patriotiques nous ont donné foi en notre grand pays», confie-t-il en regrettant de ne pas avoir eu la chance de la voir sur scène, au même titre que beaucoup de ses camarades. Jeune chanteuse et musicienne de folk, Hayet Zerrouk dit que Warda l'a «aidée à grandir» et salue «l'immense talent et le charisme de l'artiste prématurément disparue. «J'admirait sa modestie, sa joie de vivre, son humour et surtout son amour pour l'Algérie. Depuis toute petite, j'avais l'impression que cette grande dame incarnait à la fois l'art, la bonhomie, la gentillesse et la générosité», insiste-t-elle. Warda El Djazaïria, décédée jeudi au Caire suite à une attaque cardiaque, sera inhumée samedi au cimetière d'El Alia à Alger, après une cérémonie de recueillement dans la matinée au palais de la Culture. L'arrivée du Caire de la dépouille mortelle est prévue ce vendredi aux environs de 18H00.