Sid-Ali Hamdouche Principal bassin de population avec quelque 20 millions d'habitants regroupés dans une dizaine de wilayas, la région Centre du pays a réussi à faire face à la pression démographique et surmonter les problèmes qui en découlent, grâce à une série de projets structurants, mis en chantiers timidement d'abord, faute d'argent à partir des années 1970, pour connaître ensuite un rythme accéléré grâce à une embellie financière. Au lendemain de l'indépendance, des défis majeurs attendaient les pouvoirs publics, en terme notamment d'approvisionnement en eau potable, de transport, mais également de logement et d'emploi, qui devaient veiller constamment à satisfaire une demande en constante évolution. Au premier rang des priorités que s'étaient fixées les pouvoirs publics, figure le logement qui, au vu de l'évolution démographique, de l'exode rural et de l'indigence du parc immobilier, hérité de la période coloniale, nécessite une réelle et urgente prise en charge. La politique des villes nouvelles Une succession de programmes d'habitats et de plans spéciaux, à l'instar du Programme spécial initié en 1968 dans la wilaya de Tizi-Ouzou, seront mis en chantiers, à travers l'ensemble de la région du Centre, qui va bénéficier, à cet égard, de financements conséquents. Des centaines de cités vont venir renforcer le parc immobilier des ces wilayas et permettre de répondre «graduellement» à la forte demande exprimée en matière de logements. Ce segment va connaître sa vitesse de croisière à la faveur, particulièrement, des plans quinquennaux 2005-2009 et 2010-214, avec la programmation de plus de deux millions d'unités à l'échelle nationale, dont une grande partie pour la région Centre, et dont plus de la moitié est déjà réalisée. Les réalisations enregistrées dans ce domaine ont complètement «métamorphosé» cette région, qui a vu émerger, en l'espace de quelques années, une multitude d'agglomérations urbaines qui témoignent de cette formidable expansion urbaine qui s'est opérée dans cette partie du territoire national. A titre illustratif, un véritable pôle urbain et universitaire est créé à la place de la localité de Tamda, un ancien lieudit situé à une quinzaine de kilomètres à l'est de Tizi-Ouzou. Les wilayas de Médéa et de Blida s'apprêtent quant à elles à recevoir de projets de villes de grande envergure respectivement à Boughzoul et à Bouinane, au moment où toutes les agglomérations de toutes les wilayas ne finissent pas de repousser les limites de leur urbanisation. Le parc immobilier de la région centre représente, aujourd'hui, 48% du parc national, totalisant quelque 3,4 millions de logements, dont 2 millions de logement pour la seule wilaya d'Alger, qui cumule le plus grand nombre de réalisation, en matière de logement, eu égard à son importance stratégique et son statut de capitale du pays. L'effort de redressement économique, entamé au lendemain de l'indépendance, a également été orienté vers un autre secteur, tout aussi vital que le logement. Il s'agit de l'alimentation en eau potable, véritable «casse-tête» pour les gouvernements qui se sont succédés aux commandes du pays. Des barrages et des projets de transfert d'eau pour alimenter les grands centres urbains Pour mettre un terme au «stress hydrique» auquel étaient confrontées les populations de ces wilayas, particulièrement les habitants de la capitale et ses environs, un «gigantesque» programme de mobilisation intégrée des ressources hydriques est mis en branle, dès le début des années 90. Un ensemble de projets est lancé, à cet effet, en chantier devant assurer un volume annuel de l'ordre de 595 millions de m3, nécessaires à l'approvisionnement régulier d'une population estimée à 7,5 millions d'habitants. Ce plan de mobilisation reposait sur des projets structurants d'envergures, en mesure d'éloigner le Grand Algérois et les wilayas limitrophes de ce «stress hydrique». Deux grands barrages seront ainsi réalisés, le premier à Tizi-Ouzou et le second à Bouira. Le barrage de Taksebt, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, d'une capacité de stockage de 175 millions de m3, va alimenter, à partir de 2007, la wilaya de Tizi Ouzou, à raison de 40 millions de m3/an, mais également de transférer près de 140 millions de m3 par an vers les wilayas d'Alger et de Boumerdès. Un second barrage, en l'occurrence Koudiat Acerdoune, dans la wilaya de Bouira, viendra renforcer, quelques années plus tard, le dispositif mis en place. Avec une capacité de stockage théorique de 650 millions de mètres cubes, ce barrage est destiné à l'alimentation des populations de 14 centres urbains, répartis sur quatre wilayas, à savoir Bouira, Tizi-Ouzou (partie sud), Médéa, et M'sila, avec une dotation annuelle de plus de 100 millions de mètres cubes, et irriguera 18.000 hectares de la Mitidja est, ainsi que la plaine moyenne des Issers. Au final, 3 millions d'habitants bénéficieront de l'AEP provenant de ce barrage qui alimentera également la nouvelle ville de Boughzoul, une fois achevée. Pour consolider la sécurisation de l'approvisionnement en eau des grandes villes et des localités côtières, les pouvoirs publics ont eu recours également au dessalement d'eau de mer, avec la réalisation de 21 stations monobloc et des projets de réalisation de treize (13) stations de dessalement de grande capacité dont quatre d'entre elles sont opérationnelles - dont celle réalisée à Alger-. Elles doivent fournir, à terme, 2,3 millions de m3 d'eau par jour. La vision des pouvoirs publics en matière de communication a consisté, pour sa part, en un maillage en infrastructures routières et des transports du pays, la région Centre étant particulièrement concernée par cette politique en tant que centre névralgique. Maillage de la région par un dense réseau d'infrastructures de base Un maillage total de la région par des réseaux routiers et ferroviaires denses sera progressivement concrétisé, au cours des deux dernières décades, à la faveur d'un plan national spécial destiné à accompagner l'évolution du parc automobile et le désenclavement, tous azimuts, des localités formant cet ensemble géographique, le tout réalisé dans le cadre d'une politique nationale de développement intégré des infrastructures de base. Il en sera ainsi notamment avec les projets de la 4eme rocade, reliant la ville d'El-Khemis (Ain-Defla), à Bordj-Bou-Arreridj, via Berrouaghia (Médéa) et Bouira, sur un linéaire de 350 km, du projet de la rocade des Hauts-plateaux, qui fera la jonction entre Tiaret-Msila, Boughezoul et Tissemsilt, ou encore, le projet de dédoublement de la route nationale N°01, reliant les régions du nord du pays au sud, qui, constitue, un grand défi en matière de communication, eu égard à la consistance des travaux projetés et de leurs impacts futurs sur l'ensemble des régions reliées par ce réseau. Des voies express, des bretelles et des échangeurs sont réalisés dans le Grand Alger et ses environs pour assurer une meilleure fluidité de la circulation et permettre d'accéder rapidement vers de multiples destinations. Tout ce réseau aura évidemment pour clef de voûte l'autoroute Ets-Ouest. D'autres réalisations sont venues conforter la dynamique enclenchée dans le pays et concernent, cette fois ci, le secteur du transport qui a pu, en un laps de temps très cours, rattraper son retard et s'inscrire dans cette démarche vers le progrès. En terme de réalisation, le secteur des Transports a enregistré un «bond qualitatif et quantitatif», durant les dix dernières années, qui s'illustre par l'entrée en service, après près de trente années d'attente, des premières lignes du Métro d'Alger et le début d'exploitation, tout aussi récent, du Tramway, dont l'avènement représente une «révolution» pour un secteur, resté inerte pendant des années. Ce secteur compte maintenir ce rythme de croissance et matérialiser des projets, d'égal importance, pour les populations des wilayas du Centre. Parmi les projets dont devraient profiter les habitants de cette région, il est à citer, les nouvelles lignes ferroviaires Msila-Boughezoul (151km), Tissemsilt-Boughezoul (139km), El-Khemis-Djelfa (282km), Djelfa-Laghouat (110km) et, dans un futur proche, les projets de lignes ferroviaires Laghouat-El Khemis, sur une linéaire de 250 km ou, encore, la ligne El Khemis-Ouargla-Hassi Messaoud. La Santé, l'Emploi et l'Education, pour ne citer que ces secteurs, ne sont pas en reste de cette dynamique de développement ancrée dans le cadre d'un développement national global.