Selon la professeure Zoubida Charouf, de la Faculté des Sciences de l'Université Mohamed V Agdal Rabat, l'Arganier fait vivre au Maroc 2 millions de personnes, dont la moitié en milieu rural, nécessitant dans ses différentes phases de production plus de 20 millions de journées de travail -parmi lesquelles 7,5 millions -sont fournies essentiellement par les femmes. Elles s'occupent du dénoyautage du fruit et de l'extraction de l'huile. En Algérie, l'Arganier existe bel et bien. Personne, à part la Conservation des forêts et la direction des Services agricoles -DSA- de Tindouf, ne semble prêter attention à cette ressource de richesse pouvant générer des emplois durables pour les populations rurales du Sud et une entrée de devises non-négligeable. Les arbres d'Argan couvrent une superficie de 400 ha sous forme endémique, répartis entre la latitude 29°et 31° Nord et 20 ha en plantation de génération au lieudit «El Touaref », situé au Nord-ouest de Tindouf. Ce dernier site est constitué d'une population à très faible densité (20 Arganiers à l'hectare) dispersée sur les berges de l'Oued. Les seuls services qui s'y intéressent, à savoir la Conservation des forêts et la DSA de Tindouf, n'ignorent pas l'impact économique et social que peut procurer le développement des productions adaptées aux zones naturelles par l'intensification des cultures, la valorisation et la conservation des ressources naturelles génératrices d'emplois durables et considèrent que l'Arganier se présente comme l'atout par excellence au développement des zones sahariennes et steppiques. Ces mêmes services sollicitent une prise en charge par les pouvoirs publics pour la mise en valeur de cette ressource. L'enveloppe de 30 millions de dinars, allouée au secteur dans le cadre du programme de reboisement 2007-2008, a permis la réalisation de plusieurs projets de plantation pour la préservation de l'espèce. C'est ainsi que 20 ha ont été plantés et des forages et bassins de retenue d'eau ont été réalisés le long de l'Oued El Ma. Cedernier longe une superficie de 300 ha. Qu'est-ce que l'Arganier ? L'Arganier pourrait bien se planter au Nord de l'Algérie, car on rencontre au Maroc des colonies de cette espèce près de Rabat, plus exactement dans la région de Khémisset et très au Nord de la côte méditerranéenne dans les terrains de parcours des tribus de Béni Snassen. L'Arganier, de son nom scientifique Argania spinosa, est un arbre qui pousse en zone très aride depuis 80 millions d'années dans le Sud-ouest marocain et dans la Hamada de Tindouf en territoire Algérien. En 1515, El Hassan Ben Mohammed El Wazzani el Zegyati, connu sous l'appellation de Jean Léon l'Africain, parle des arbres épineux des Haha (habitants du Sous) qui produisent un fruit appelé « argane » duquel on extrait une huile servant pour l'alimentation et l'éclairage. Le principal intérêt que présente l'Arganier, aujourd'hui, c'est l'huile extraite de son fruit et qui est exportée vers l'Europe, où les laboratoires de produits cosmétiques l'acquièrent au prix d'or. Comme le palmier, l'arganier est un arbre aux usages multiples. Son bois est utilisé comme combustible et comme matériau de menuiserie. Ses feuilles et la pulpe de ses fruits servent à l'alimentation des élevages camelins et caprins. Le tourteau constitué par les résidus lors de l'extraction de l'huile est utilisé pour l'engraissement des bovins. Le fruit de l'Arganier, de la grosseur d'une noix, est formé d'un péricarpe charnu qui couvre le noyau très dur. Sa récolte s'effectue entre juin et août lorsque les fruits mûrs commencent à tomber. L'huile extraite du fruit est comestible et de goût agréable. Elle est utilisée pour des soins de la peau, de la chevelure et comme soin pour les rhumatismes et les maladies du cœur. L'extraction de l'huile d'Argan, ne nécessitant aucune qualification, est à la portée des femmes vivant en milieu rural et peut constituer une source de revenus non-négligeable. Au Maroc, le plus souvent des femmes, veuves ou répudiées, groupées au sein de coopératives, s'occupent du dénoyautage et de l'extraction de l'huile et assurent leur subsistance en toute dignité. Il suffit de poser le noyau sur une pierre plate et le casser à l'aide d'une autre pierre ronde comme au temps du néolithique. L'extraction de l'huile se fait au moyen de meules de terre glaise pareilles à celles qu'utilisent les gens de la campagne pour moudre le blé, sauf qu'à l'extrémité de la meule inférieure- un petit bec assurant le ruissellement- a été spécialement aménagé. Notons enfin que pour produire 1 litre d'huile d'Argan, il faut en moyenne 100kg de fruits frais provenant de la production saisonnière de 7 à 8 arbres.