«Sur plus de 30.000 entreprises recensées, seules quinze peuvent être classées dans la catégorie des entreprises hautement performantes pouvant réaliser d'importants programmes de logement». A en croire M. Tebboune, ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, l'outil algérien de réalisation de logements est loin de répondre à l'ambitieux programme mis en place dans ce domaine, par les pouvoirs publics. C'est, à bien décrypter les propos du ministre, ce qui justifie le recours systématique aux entreprises étrangères. «La majorité des entreprises activant dans le secteur sont de petite taille, familiale ou artisanale, les entreprises de l'envergure de l'entreprise publique Cosider sont très peu nombreuses», a précisé M. Tebboune. Plus explicite, le ministre soulignera que la capacité de l'outil de production nationale se limitait à l'heure actuelle à près de 80.000 logements pour une demande oscillant entre 200.000 et 250.000 logements par an. Pour combler ce déficit, le gouvernement a décidé de recourir «momentanément» à l'apport des entreprises étrangères, a relevé M. Tebboune, ajoutant qu'une trentaine d'entreprises étrangères interviennent dans la réalisation des différents programmes de logements. L'urgence d'achever les programmes de logements, fait très peu cas de la nécessité d'ouvrir le secteur aux entreprises nationales. Il est vrai que la capacité des entreprises locales à rivaliser avec les grosses cylindrées internationale est très réduite, exception faite de quelques entreprises, du secteur public et du secteur privé qui ont su s'adapter aux nouvelles exigences en matière de réalisation. Néanmoins, faire vite et bien n'est pas à la portée d'un grand nombre d'entreprises locales. D'autant que les pouvoirs publics placent la barre très haut : «Outre l'amélioration de la qualité des constructions, l'expertise des entreprises étrangères permet d'accélérer notablement le rythme de réalisation des projets pour atteindre une moyenne de 12 à 13 mois par logement», a soutenu M. Tebboune. Le défi pour le secteur, a-t-il expliqué «est d'industrialiser le bâtiment en remplaçant la petite bétonnière par la centrale à béton, la poulie artisanale par la pompe à béton, et de généraliser l'usage des adjuvants à béton pour décoffrer au bout de deux heures de temps». Les contraintes C'est dire que les entreprises algériennes doivent, pour rester sur le marché, s'adapter aux normes technologiques et managériales universelles. A ce titre, les programmes de mise à niveau initiés par les pouvoirs publics au bénéfice des entreprises doivent être revus ou, pour le moins améliorées, pour répondre à ces exigences. Les principales contraintes relevées par les opérateurs se situent au niveau de l'accès aux crédits bancaires et aux matériaux de construction. Pour eux, la levée de ces contraintes permettrait aux entreprises locales de répondre, un tant soit peu, aux exigences des cahiers des charges. C'est à ce prix que les énormes investissements consentis dans les programmes de logement, en plus d'être efficaces sur le plan social, peuvent également contribuer à la croissance et créer des centaines de milliers d'emplois. Pour en revenir aux réalisations, il est à noter que près de 700.000 unités des programmes de réalisation de logements prévus au titre du plan quinquennal 2010-2014 en cours ont été réceptionnées,. «Près de 693.000 logements soit 65 % des programmes prévus au titre du plan quinquennal 2010-2014 en cours ont été réceptionnés», a affirmé jeudi à Alger le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune sur les ondes de la Radio nationale. Le ministre de l'Habitat a précisé, par ailleurs, que près de 85 % des programmes inscrits pour la même période quinquennale ont été lancés. Concernant le programme AADL/CNEP, M. Tebboune a réaffirmé que près de 8.300 citoyens souscripteurs seront convoqués prochainement en vue de bénéficier d'une pré affectation. Ces citoyens font partie des 40.000 souscripteurs qui ont été orientés vers la CNEP en 2003 après l'arrêt de la formule AADL, a expliqué M. Tebboune. La réalisation programme AADL/CNEP a connu des retards en raison du problème de financement des travaux de VRD, a précisé le ministre. « Cet écueil est désormais levé et les premières livraisons de logements concerneront dans un premier temps les wilayas de Constantine, Oran et Tipasa » a -t-il ajouté. Abordant la question des promoteurs défaillants, notamment dans la réalisation des programmes LSP, M. Tebboune a indiqué que l'Etat a institué un fonds de garantie pour protéger le citoyen acquéreur. «L'Etat a les prérogatives légales pour se substituer au promoteur défaillant à travers la désignation d'une nouvelle entreprise (publique privée ou étrangère) en vue de la relance des chantiers à l'arrêt » a-t-il assuré. Répondant à certaines critiques mettant en doute la sincérité des chiffres communiqués par son secteur, le ministre a soutenu que les milliers de logements réceptionnés régulièrement à travers tout le territoire national sont le meilleur démenti à ces allégations, ajoutant que le ministère de l'Habitat publiera prochainement les chiffres des réalisations pour toutes les communes d'Algérie. S'agissant des perspectives d'évolution de la demande pour le secteur de l'habitat, M. Tebboune a indiqué que le diagnostic effectué au niveau des 1.541 communes d'Algérie permet de situer le déficit à près de 700.000 logements. Rappelant que les pouvoirs publics ont mobilisé près de 63 milliards de dollars pour juguler la crise du logement, M. Tebboune a affirmé que près de 95% de la demande sociale en matière de logement devrait être couverte à l'horizon 2018.