Loin du discours euphorique de son prédécesseur, l'actuel ministre des Travaux publics, Farouk Chiali, se veut plus réaliste et plus pragmatique dans ses propos- et dans ses actes- quand il évoque le projet de l'autoroute Est-Ouest en particulier, et le réseau routier, en général. Selon lui, l'Etat est actuellement «plus préoccupé par le parachèvement de l'autoroute Est-Ouest et son équipement en structures nécessaires que par la question de fixation des droits de son exploitation». Il n'est pas question pour M. Chiali de mettre la charrue avant les bœufs et de consolider chaque étape avant de de s'attaquer à la suivante. C'est en voulant aller très vite, sans se donner les moyens pour faire «vite et bien», que le projet du siècle fut loin d'être une œuvre d'art. Les malformations, les fissures et les effondrements d'ouvrages d'art sont de notoriété publique. Dans une démarche qui s'apparentait à de la fuite en avant, les étapes finales du projet ont été lancées avant que ce qui constituait l'essence de l'autoroute ne soit réellement consolidé et sécurisé. Par ailleurs, l'aspect politique imprimé au projet en a vite fait «l'arbre qui cache la forêt». Derrière cette réalisation, qui accaparait l'essentiel de l'activité du ministère, le réseau routier national souffrait de mille imperfections et retards. Mises à part les pénétrantes autoroutières «visibles», les routes nationales, les chemins de wilayas, les routes communales, voire les rues urbaines, n'ont pas bénéficié de la même prise en charge. Héritant de cette situation, l'actuel ministre se veut plus réaliste et plus terre-à-terre. L'Etat «œuvre, en priorité, à valoriser ce qui a été réalisé sur cette autoroute, à parachever ses différents tronçons et à l'équiper de toutes les structures et des espaces de services nécessaires», a notamment indiqué le ministre à ce propos. Il a également affirmé que son département accorde un «grand intérêt» à l'entretien et à la consolidation des routes existantes, à la construction de nouveaux axes et au désenclavement des localités rurales pour améliorer les conditions de vie de leurs populations. Un retour, en quelque sorte, à la mission même du secteur des travaux publics qui a pour tâche d'assurer un maillage fiable du pays en voies de circulations et leur entretien permanant. Cela étant dit, le ministère des Travaux publics œuvre, à en croire son premier responsable, également, à faire avancer le projet d'autoroute Est-Ouest. En marge de la pose de la première pierre d'un espace de services sur l'autoroute dans son lot Est, au niveau de l'échangeur d'El-Kherfane, M. Chiali a indiqué que l'opération d'installation d'équipements (aires de repos, stations de péage, centres d'entretien, équipements de sécurité comme les bornes de détresse, entre autres) qui se poursuivra jusqu'à la frontière avec la Tunisie s'inscrit dans le cadre d'un programme tracé par son ministère. Il a également souligné que l'opération d'équipement, dans la partie Est de l'autoroute, sera exécutée au bout d'un délai de 18 mois dans le cadre d'un partenariat algéro-italien. Le ministre des Travaux publics a également relevé que ces structures permettront une meilleure exploitation de l'axe autoroutier en offrant des services de proximité de qualité, avec des caméras de surveillance et des plaques de signalisation de sorte à atténuer la pression sur les usagers et leur offrir des structures de repos qui contribueront à réduire les risques d'accidents. Tout projet du siècle qu'il est, tout structurant qu'il soit, le projet d'autoroute est-ouest n'est qu'une infime partie du réseau routier national qui devrait bénéficier de la même attention.