Si tout le monde reconnaît l'importance de l'effort consenti en termes d'investissements dans des infrastructures routières et autoroutières, des experts ont attiré l'attention sur les dépenses qu'il faudra encore engager pour l'entretien de ces réalisations. Certains experts estiment que l'entretien d'un projet routier ou autoroutier commence au premier jour de son exploitation. Le problème en Algérie, c'est que souvent les projets sont «mal conçus au départ» et «des bureaux d'études les réceptionnent alors qu'ils ne sont pas conformes», observe Faouzi Maâlem, ingénieur en génie civil, spécialiste des voies et ouvrages d'art. L'effondrement récent d'un tunnel sur un tronçon de l'autoroute Est-Ouest a laissé entrevoir des défaillances. Le ministre du secteur, Farouk Chiali, constatant «l'apparition de fissures». Pourtant, il s'agit-là d'un projet neuf qui reste encore à achever et pour lequel les dotations budgétaires destinées à l'entretien étaient de 5 milliards de dinars sur la période 2010-2011. Que penser alors du réseau routier vétuste ? Une étude du CREAD datant de 2004 a mis en avant le faible taux d'entretien du réseau routier jugé «au-dessous du seuil critique». Les normes d'entretien périodique (renouvellement du revêtement essentiellement) «préconisent le traitement d'au moins 10% du réseau revêtu chaque année ; en Algérie, ce taux a été de l'ordre de 3,6% pour les routes nationales», note-t-on. En 2003, l'état des routes en bon état représentait, selon la même source, 39% du réseau contre 35% dans un état moyen et 26% en mauvais état. Sur «les routes départementales et communales, 70% du réseau est considéré en moyen ou mauvais état». L'entretien est d'abord une question d'argent. L'étude constate, en se basant sur des normes de la Banque mondiale que «l'entretien d'un réseau routier absorberait entre 0,5 et 1% du PIB», alors qu'en Algérie les dépenses allouées à l'entretien des routes dans le cadre du plan de soutien à la relance économique et celui de consolidation de la croissance «se sont élevées en moyenne annuelle à 0,2% du PIB environ, soit à un niveau encore très faible par rapport à ce qui est admis comme une norme». Pour autant, le ministère des Travaux publics fait état d'efforts en matière d'entretien qui ont permis d'atteindre en 2009 un taux de «95% des routes nationales revêtues dans un état acceptable, contre 65% en 2003». Les ressources financières allouées aux actions d'entretien ont également augmenté ces dernières années, passant d'une dotation de 22,5 milliards de dinars en 2010 à 26,7 milliards en 2011.