Des contrats de performance seront signés prochainement avec les directeurs des ressources en eau des wilayas pour disposer d'outils de mesure de la qualité de gestion. S'exprimant hier au Forum du quotidien El Moudjahid, le ministre des Ressources en eau, Hocine Necib, déclare : «Cette année, on va signer avec les directeurs des ressources en eau des wilayas des contrats de performance et on effectuera une évaluation par wilaya et non seulement au niveau national». Et d'ajouter : «On a investi 600 milliards de centimes pour des équipements dans les wilayas gérées par l'Algérienne des eaux (ADE) pour une meilleure intervention sur le réseau». Le ministre a aussi annoncé que son département allait mettre en œuvre des contrats de performance pour suivre le dossier de la lutte contre les fuites et les déperditions sur le réseau d'alimentation en eau potable. En matière de fuite, le niveau toléré à l'échelle mondiale est 30 mètres cubes (m3) par kilomètre linéaire par mois, alors que ce niveau est à 45 m3 en Algérie. Selon le ministre, la priorité de son secteur pour les années à venir sera la lutte contre les fuites d'eau. «C'est notre cheval de bataille. En considérant que la bataille de la mobilisation des ressources est gagnée, l'autre véritable bataille est celle de la gestion de la ressource, ce qui sous entend une modernisation du service public. Les fuites physiques se situent autour de 20% et c'est beaucoup car c'est lié à la vétusté du réseau de l'ADE», a expliqué le ministre. Il a relevé que les communes n'ont pas assez de moyens pour l'entretien des réseaux d'AEP affirmant que 40 villes à travers le pays sont identifiées pour subir une réhabilitation, alors que les travaux d'aménagement sont lancés dans 17 villes. En tout, le secteur réalise des projets de réhabilitation du réseau à raison de 3.000 km par an. Le ministre a souligné aussi que 30.000 km de réseau d'AEP ont besoin d'être réhabilités, soit 6.000 km par an avec plus de moyens financiers. «C'est notre priorité jusqu'à 2019. On travaillera pour mobiliser les ressources nécessaires», a-t-il confié car «on veut mettre à niveau le réseau de distribution à travers le territoire national». La révision des tarifs n'est pas à l'ordre du jour Abordant la tarification de l'eau potable, le ministre a estimé que le tarif actuel est symbolique au vu du coût réel, car les frais de gestion du mètre cube d'eau potable est 6,5 DA alors que son prix actuel traduit la volonté de l'Etat de faire en sorte que cette denrée soit accessible à tous les citoyens. «En termes de révision des tarifs, cette question n'est pas à l'ordre du jour du gouvernement», souligne-t-il. A propos de la saison estivale et du ramadhan, le ministre a indiqué qu'une réunion est prévue prochainement pour examiner l'approvisionnement des citoyens en eau potable durant cette période. Cette rencontre regroupera toutes les parties concernées dont les directeurs de l'ADE, les responsables des sociétés relevant du secteur et les représentants des APC. Par ailleurs, 15 projets de barrages sont déjà au stade d'étude et «on a identifié 28 sites susceptibles d'abriter d'autres barrages», ajoute-t-il. A cela, s'ajoute le fait que 1,2 milliard de mètres cubes d'eau sera produit par année à partir des eaux épurées grâce à 150 stations d'épuration et elles seront dirigées vers d'autres usages. A propos du transfert In Salah-Tamanrasset, le ministre a indiqué qu'il n'y a pas de problème d'oxydation qui soit porté à sa connaissance ajoutant qu'une station de déminéralisation sera réalisée pour empêcher l'eau de contenir du sel. Revenant sur l'évolution des investissements dont a bénéficié le secteur, M. Necib a indiqué que lors du programme 2000/2004 quelque 652 milliards DA avaient été injectés puis 1.400 milliards DA entre 2004 et 2009 alors qu'au titre du plan 2010/2015 une enveloppe de 1.200 milliards DA avait été consacrée à la réalisation d'infrastructures hydrauliques, notamment les barrages et les transferts d'eau. Depuis 2000, a-t-il poursuivi, 3.252 milliards DA ont été consacrés par l'Etat au secteur des ressources en eau. Interrogé au sujet du gaz de schiste, le ministre a rappelé que dans le cadre de la stratégie énergétique du pays, il y a un débat sur la question avec la participation d'experts en la matière. «Le gaz de schiste ce n'est pas pour demain», a encore dit M. Necib selon qui les technologies actuelles ont permis «de réduire un peu» la consommation d'eau grâce au recyclage. «Nous allons vers un compromis pour allier la stratégie énergétique et la protection de la ressource hydrique», ajoute-t-il.