Longtemps considérée comme étant la chas se-gardée de la France, l'Algérie commence à diversifier ses partenaires. La part de marché de l'Hexagone se réduit comme une peau de chagrin. Ces dernières années, elle est passée de 22% à 15%. La France se fait sérieusement concurrencer par la Chine et l'Italie. Et à un degré moindre par l'Allemagne, l'Espagne et les États-Unis. La détérioration des relations bilatérales ne risque pas d'arranger les choses pour le pays de Nicolas Sarkozy. Les dernières mesures sur l'investissement et le commerce extérieur mises en place par l'Algérie -pour réduire la facture des importations- ont aggravé la situation pour les entreprises françaises. Ces dernières commencent à accuser le coup après avoir constaté que le gouvernement algérien n'avait nullement l'intention de revenir sur ses décisions. Toujours est-il que la France qui demeure le premier fournisseur de l'Algérie, espère le rester. Les échanges commerciaux entre les deux pays dépassent les 10 milliards d'euros, ce qui est loin d'être négligeable. De son côté, le gouvernement français tente de changer sa politique pour cibler davantage les marchés des pays du Golfe, mais il s'avère que cette tâche est ardue tant la proximité de ces états avec la Chine -qui représente un sérieux concurrent- ne permet pas d'avoir de grandes ambitions. D'autant plus que ces pays sont plus tournés vers leurs alliés politiques anglo-saxons, à savoir les États-Unis et la Grande Bretagne, que vers la France. Des analystes estiment que la baisse de la part de marché des Français en Algérie est plus liée à la stratégie de l'actuel gouvernement qui a une préférence flagrante pour l'Europe de l'Est que pour les pays maghrébins. L'Algérie veut, pour sa part, diversifier ses fournisseurs afin de ne plus dépendre entièrement de l'ancienne puissance coloniale qui a démontré que durant «les temps difficiles» telle que la décennie noire, elle tourne facilement le dos à un pays considéré pourtant comme étant «un partenaire stratégique». La France s'est en effet désolidarisée de l'Algérie en refusant de lui livrer des munitions militaires nécessaires pour la lutte contre le terrorisme qui faisait rage à cette époque. Par ailleurs, les pouvoirs publics algériens avaient été choqués par le retrait de la compagnie aérienne française (Air France) -qui avait eu un effet domino- sur les autres compagnies aériennes étrangères, ce qui a accentué l'isolement du pays. Par ailleurs, les Algériens n'apprécient pas le mépris affiché par le pouvoir politique français mené par le président Nicolas Sarkozy. Ce dernier fait preuve d'une certaine arrogance envers l'Algérie à laquelle il refuse de présenter des excuses pour les crimes commis durant la période coloniale. El Hachemi Djaaboub, ministre du Commerce, avait récemment porté l'estocade à la France en prononçant des propos crus sur les Français qu'il accuse «d'aimer l'argent des Algériens mais pas les Algériens». Ce climat exécrable sur le plan politique et diplomatique a déteint sur les relations économiques.