A deux mois de sa fermeture le MAMA, (Musée algérien des arts modernes) abritera à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 31 mai prochain une exposition consacrée aux artistes ayant œuvré pour la libération de l'Algérie. Le MAMA qui a été inauguré en fin d'année dans le cadre de la grandiose manifestation d' “Alger, capitale de la culture arabe ”, ne sera plus opérationnel dès l'été puisque les travaux qui ont concerné jusque là seulement le patio central du musée devront être repris. Le rendez-vous plastique qui s'ouvre aujourd'hui et qui s'intitule, “Les artistes internationaux et la révolution algérienne”, est sans doute l'ultime manifestation de 2008 qui se déroulera dans cet espace qu'on projette de rouvrir en 2009 si toutefois d'ici là les travaux seront bouclés. Nul n'ignore que de nombreux écrivains étrangers comme Albert Camus, Sartre, Simone de Beauvoir, Frantz Fanon, André Gide…..s'étaient littéralement opposés à la présence française en Algérie, et la plupart de leurs écrits tout comme leurs interventions publiques dans les années 50 et 60 en témoignent. Il en est de même pour les artistes plasticiens étrangers dont Picasso qui peint dans quelques unes de ses œuvres à l'image de Guernica leshorreurs de la guerre. Plusieurs travaux de peintres algériens et étrangers -qui sont allés au-delà de la propagande colonialiste de l'orientalisme- seront donc exposés lors de cette rencontre qui donnera pour le public une certaine idée de ce que fut l'art engagé qui a émergé pendant la période des grandes colonisations. Cet engagement n'a pas concerné seulement les peintres mais aussi les graveurs et les sculpteurs qui s'étaient distingués par un travail du refus de l'embrigadement à l'image de Masson, Mata et Picasso, artistes qui avaient le coeur et les idées à gauche. Concernant les algériens qui ont peint dans le sens de la décolonisation, nous pouvons citer quelques noms qui furent les précurseurs du mouvement national dans les années 50 comme Benanteur, Issiakhem, Khadda, Mesli….Ils se sont même rendus à Paris cherchant à découvrir les nouvelles tendances de ce qu'on appelle l'art contemporain. Ce qu'on appelait l'art moderne à cette époque là, c'est l'affirmation de soi, de l'identité d'un peuple séculaire refusant un ordre colonial qui asservit le peuple. C'est un concept un peu proche de la “ Négritude ” cette philosophie d'Aimé Césaire de Léopold Sédar Senghor qui voulaient prendre en charge et leur histoire et le destin d'être noir. En plus de revendiquer une identité propre au peuple, les artistes ont forgé des positions politiques aspirant à la liberté des peuples et des individus. C'est ainsi que les artistes algériens des années 50 ont compté et comptent encore parmi les peintres modernes qui touchent à l'universalité parce que dans leurs œuvres il ne s'agissait pas de portraits de paysans mais d'hommes vivant dans un univers sans frontière. “Les artistes internationaux et la révolution”, est une première en ce sens que le public pourrait y découvrir pour la première fois des dessins comme celui de “ Djamila Boupacha ” de Picasso, ainsi que tant d'autres témoignant de la lutte des peuples pour la liberté.