Jusqu'au 25 août prochain, les amateurs de la chose picturale peuvent aller à la rencontre d'une exposition plastique exceptionnelle signée par l'artiste peintre français, Olivier Debré (1920-1999). Ça se passe au Musée national d'art moderne et contemporain d'Alger (MAMA) depuis le mercredi dernier, lendemain du vernissage de ce rendez-vous inédit où l'on découvre beaucoup d'œuvres contemporaines. Considéré comme l'un des plus grands coloristes français, les oeuvres d'Olivier Debré, sont visibles pour la première depuis l'indépendance de l'Algérie. Un événement donc au MAMA qui abrite une cinquantaine de toiles, d'encres ainsi que des sculptures, dont une grande partie est prêtée par la famille Debré et l'autre par la galerie Louis Carré. " Mon père, peintre abstrait qui a beaucoup voyagé, a toujours peint à l'extérieur, d'où les couleurs de ses tableaux dans lesquels il traduisait les émotions qu'il ressentait devant les paysages qu'il voyait ", a précisé à la fille du peintre, Sylvie Debré-Huerre, lors du vernissage mardi soir." C'est la première fois qu'on accueille un aussi grand peintre dans une institution algérienne depuis l'indépendance " de l'Algérie en 1962, avait déclaré auparavant Djehiche, directeur du MAMA au cours d'une conférence de presse en présence de l'ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, à l'origine de l'exposition. Driencourt avait indiqué qu'"au delà des difficultés qu'on rencontre dans nos relations, la peinture et l'art constituent une passerelle entre la France et l'Algérie". Né le 14 avril 1920 à Paris, Olivier Debré fut fortement impressionné par Pablo Picasso dont il fut un ami. Il rencontre par la suite les maîtres de l'expressionnisme abstrait à l'image de Franz Kline, Mark Rothko et Jules Olitski à l'occasion d'un voyage aux Etats-Unis. Le peintre, qui a représenté la France à l'exposition universelle de Montréal en 1967, a également réalisé le rideau de scène de la Comédie Française en 1987, celui de l'Opéra de Hong Kong en 1989, puis celui de l'Opéra de Shanghai, en 1998. Abstraite et solidement construite dans les années 1940-1950, sa peinture a évolué à partir des années 1960 vers une spatialité qui renvoie à la liberté et à l'impermanence de la nature. Son intervention sur l'espace pictural exalte la couleur, il est un grand coloriste. Après des études d'architecture à l'École des beaux-arts de Paris dans l'atelier de Charles Lemaresquier, et des études d'histoire, il devient, en 1939, l'élève de Le Corbusier. À la Libération, il rencontre des peintres avant-gardistes tels que Serge Poliakoff, Nicolas de Staël, Pierre Soulages. Dans les années 1950-55, on retrouve les grands "signes personnages" dans les dessins à l'encre. Vers 1960, son œuvre prend un tournant, certainement suite à ses rencontres aux États-Unis avec les maîtres de l'expressionnisme abstrait. Debré a parfois peint de très grandes toiles (en faisant glisser une sorte de pinceau-balai sur la toile au sol). Il a dessiné également un timbre-poste, des vitraux, le nouvel Opéra de Shanghai en Chine, ainsi que les fresques murales du Théâtre des Abbesses à Paris. De 1980 à 1985, il enseigne à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. En 1999, il devient membre de l'Institut, à l'Académie des beaux-arts. Il a aussi été sculpteur et illustrateur, entre autres des livres de Michel Déon, Francis Ponge, Edmond Jabès et Julien Gracq. Il a publié quelques essais artistiques, notamment pour donner sa vision de l'évolution des formes et proposé une nouvelle architecture adaptée à la ville contemporaine.