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Le Gouvernement peut-il juguler l'inflation et créer 400.000 emplois par an ?
Publié dans Le Maghreb le 29 - 04 - 2008

Le constat en Algérie est l'absence d'une véritable concurrence, faisant que les circuits entre le producteur et le consommateur (les grossistes informels) ont tendance à se rallonger, la marge commerciale pouvant représenter 2 à 3 fois le prix de production (surtout dans !e domaine agricole) ce qui ne peut que décourager le producteur immédiat et l'orienter vers des activités spéculatives et fait que la politique d'encadrement des prix peut s'avérer d'une efficacité limitée, en fonction des moyens mis en œuvre, dans la mesure où le contrôle des prix repose sur le détaillant qui ne fait que répercuter ces surcoûts de distribution. On ne peut invoquer pour expliquer l'inflation uniquement les dernières augmentations au niveau de la fonction publique, ( le montant étant estimé à environ 170 milliards de dinars annuel soit environ 1,7 milliard d' euros ) et l'extérieur, pouvant l'amplifier si le statut quo et l'immobilisme persistent. Pour preuve le cours du pétrole a augmenté de 300% et le taux d'inflation dans les pays développés ne dépasse pas 3/4%. Dans les pays émergents, certes le taux d'inflation fluctue entre 5/8%, comme en Chine ou la Russie, mais le taux de croissance est supérieur à 7/11% selon les pays. Car, on ne créée pas un conseil de la concurrence sans pouvoirs réels, ni des commissions saisonnières au moment de crises comme celle la pomme de terre, du blé ou autres mais un institut de conjoncture permanent indépendant composés d'experts de hauts niveaux sous la coupe soit du Président de la République ou du Chef du Gouvernement à l'instar des pays développés. Il semble bien que le gouvernement assiste avec impuissance, malgré bon nombre de déclarations contradictoires où chaque ministre se rejette la responsabilité, à la poussée inflationniste en Algérie avec une détérioration accrue du pouvoir d'achat des ménages algériens, le SMIG algérien étant actuellement à 120 euros avec la prédominance des salaires rentes, la fuite accélérée du savoir, richesse bien plus importante que toutes les réserves de pétrole et de gaz La famille algérienne dans sa solidarité d'ailleurs en régression et paradoxalement la crise du logement (même marmite, répartition des charges) jouent le rôle transitoirement d'amortisseur à des tensions sociales qui deviennent de plus en plus criardes. Sur le terrain en ce mois de avril 2008, le prix de la pomme de terre est revenu à la case de départ malgré les subventions, plus de 50/60 dinars le kilo, le bidon d'huile à 900/1000 dinars, la, hausse du prix du blé et de ses dérivés, la plupart des prix des fruits et légumes flambent, la hausse des factures de l'eau et de l'électricité, sans compter la flambée récente des produits pour la construction. C'est que l'on n'a pas mesuré avec exactitude le divorce objectifs moyens de réalisation, (faiblesse des capacités d'absorption diront les économistes), l'impact sur la consommation intérieure du fameux programme de relance économique évalué à plus de 180 milliards de dollars entre 2004/2009 avec un bilan très mitigé et un gaspillage croissant des ressources financières selon le dernier rapport de la banque mondiale du 15 août 2007. Cette détérioration du pouvoir d'achat de la majorité de la population est accentuée à la fois avec le nivellement par le bas des couches moyennes laminées, devrait s'accélérer pour la période 2008/2009 car selon le Ministère des Finances en février 2008, le montant de l'endettement croissant auprès des banques, (prêts pour l'achat des voitures, logements, électro-ménagers) est estimé à 200 milliards de dinars (2 milliards d'euros), un prêt entre 5 et 10 ans de 100 nécessitant un remboursement 130 à 170, selon le délai, et par une nette concentration des revenus au profit d'une minorité spéculative rentière. Et ce du fait d'une politique salariale biaisée et incohérente, la nouvelle grille des salaires de 2007 l'attestant, décourageant les couches sociales utiles productrices du savoir (au profit des emplois rentes), directement (la sphère économique) et indirectement notamment l'éducation et la santé, segments porteurs d'une véritable croissance durable à même de combattre à terme le chômage et la pauvreté. Selon l'enquête du CNEAP de septembre 2006, le ménage moyen algérien consacrait plus de 60% de son budget aux dépenses alimentaires en 2006 dont seulement 10% pour la viande (ce taux ayant augmenté avec l'inflation en 2007/2008 pour aller vers plus de 80%) assistant à un déséquilibre nutritionnel rendant inévitable les maladies d'où avec la détérioration du cadre de vie (environnement),les effets dépressifs, la consommation excessive de médicaments, pour plus de 1 milliard de dollars moyenne 2006/2007.
3.- L'Algérie peut-elle créer 400.000 emplois utiles par an ?
Le Chef de Gouvernement vient d'annoncer officiellement que le gouvernement peut créer 400.000 emplois par an grâce aux nouveaux dispositifs sur l'emploi et le Ministère du travail un taux de chômage fin 2008 de 10%.Est ce à l'Etat de créer des emplois ? Or ave un taux de croissance, en termes réels en déclin, plus de 5% entre 2003/2005, 1,8% en 2006, à peine 3% en 2007 et selon le FMI dans son rapport de 2007 inférieur à 4% pour les années 2008/2009, avec un accroissement de demande annuelle de 500.000 unités (sous estimant la demande féminine) cela est t-il possible, car contredisant les lois élémentaires de l'économie, sinon nos responsables devraient postuler un prix Nobel d'économie. IL faut dire la vérité au peuple algérien afin d'éviter ce divorce Etat-citoyens source de névrose collective. Avec cette dualité croissante entre les emplois permanents en décroissance et les emplois temporaires en croissance, le chômage frappant de plus en plus les personnes mal formées et récemment massivement les diplômés de l'enseignement supérieur. La jeunesse est désemparée ayant assisté depuis les années 1980 à nos jours à des phénomènes intiment solidaires qui laissaient prévoir les tensions sociales actuelles rendues plus acerbes par la privation d'une décennie tragique qu'a connue l'Algérie et que els pouvoirs publics successifs n'ont pas pris en compte car il s'agit d'un phénomène profond et structurel qui renvoie aux dysfonctionnements de la société algérienne. Au début c'était la chanson du Rai qui exprimait les angoisses de la jeunesse. Ensuite ce sont les hittistes qui portaient les murs avec silence. Et enfin ce sont les harragas, désespérés face à l'avenir. Car les résultats des organismes chargés de l'emploi (l'ANSEJ autant que le CNAC-) sont mitigés malgré les nombreux avantages accordés. La soi disante stratégie industrielle, et les nouveaux dispositifs sur l'emploi auront peu d'efficacité. On ne créé pas des emplois avec des discours ou des textes juridiques. Les lois économiques de par le monde nous enseignent que c'est l'entreprise qui créée l'emploi et non des décrets, ancienne culture bureaucratique des années 1970, ou de faux emplois rentes( risquant de conduire le pays à une dérive économique et sociale à terme) alors que le monde a profondément changé . Aussi, si la croissance n'est pas reprise par les entreprises, à la fin de l'épuisement des ressources dégagées par le plan de soutien à la relance économique des dizaines de milliers de femmes et d'hommes transitoirement employés seront au chômage qui est estimé selon l' ONS de février 2008 à 12,5% en 2006, avec un accroissement en 2007, près de 14%, contredisant les données du conseil du gouvernement du 22 janvier 2008 qui avait communiqué 11,8%, (le FMI l'estimant à plus de 20% en 2007). Une bonne gouvernance et une visibilité dans la démarche de la réforme globale s'imposent pour une production et exportation hors hydrocarbures seules conditions de création d'emplois utiles, 20% d'économies de gestion du plan de la relance économique 2004/2009 permettraient d'économiser plus de 36 milliards de dollars, soit quinze fois (15) fois la masse salariale additionnelle de la revalorisation de la fonction publique supposant une bonne gestion à tous les niveaux. Par ailleurs, afin de stabiliser les prix, il y a lieu de repenser toute la politique agricole, le PNDA n'ayant pas eu les effets escomptés et ce malgré des dépenses monétaires colossales. Cela pose d'ailleurs le statut du foncier agricole, dont malheureusement le cadastre n'est pas même actualisé, la facture alimentaire de 5 milliards de dollars en 2007 allant vers 10 milliards de dollars US en 2010/2012, du fait à la fois à l'envolée des prix au niveau du marché mondial, phénomène structurel et non conjoncturel, avec le développement des biocarburants, la hausse du cours de l'euro et la dérive du cours du dollar, le taux de croissance de l'économie mondiale tiré par les pays émergents (Chine, Inde, Russie, Brésil)avec l'élévation du niveau de vie des indiens et chinois (1/3 de la population mondiale) , les phénomènes spéculatifs comme valeur refuge ( dont le blé, le pétrole ou l'once d'or qui dépasse les 1000 dollars en 2008) et de la suppression des subventions agricoles selon les règles de l'OMC horizon 2012(1). En résumé, il s'agit de s'attaquer à l'essence du blocage, les rentes de situation dominantes, renvoyant fondamentalement aux trois piliers du développement du XXIème siècle à savoir la bonne gouvernance, une visibilité et cohérence dans la politique socio-économique par l'accélération des réformes et la valorisation du savoir afin de favoriser l'émergence de l'entreprise concurrentielle, loin de tout monopole, seule créatrice de richesses permanentes et d'emplois à valeur au sein d'un univers de plus en plus mondialisé. AM 20 avril 2008.
Docteur Abderahamane MEBTOUL Expert International ( 20 avril 2008)
Suite et fin.
(1) Interview en date du 17 avril 2008 du docteur Abderrahmane Mebtoul à la radio algérienne chaîne III " pourquoi la hausse du prix du pétrole et des denrées alimentaires au niveau mondial ?"


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