Reconnue pourtant par la principale loi du pays à savoir la Constitution, la pluralité syndicale en Algérie est confisquée au nom de fausses interprétations de textes réglementaires. Pourtant sur un autre plan, les pouvoirs publics reconnaissent à demi-mots la légitimité des revendications portées par plus d'une vingtaine de syndicats autonomes structurés au sein d'une intersyndicale. Cela n'est pas anodin puisque la représentativité des syndicats autonomes ne cesse de s'élargir. Ils drainent de plus en plus de foules pratiquement dans tous les secteurs d'activité notamment la santé et l'éducation.En effet, l'avènement du pluralisme syndical au début des années 90 a donné lieu à la naissance de plusieurs organisations syndicales dans tous les secteurs d'activité et qui n'ont pas tardé à se démarquer de l'UGTA. Il faut dire, par ailleurs, que les mutations économiques sont un prélude à la contestation sociale et, par ricochet, à l'exercice syndical qui consacre un autre droit, celui de la grève.Le rôle attribué à l'UGTA a également une grande responsabilité dans le lancement de nouvelles organisations réclamant leur autonomie par rapport à la Centrale syndicale. A l'époque, les pouvoirs publics ne voyaient aucun inconvénient à octroyer les agréments à ce qu'ils pensaient être de simples entités internes. Fausse appréciation. L'épreuve du terrain aura démontré le contraire.Les syndicats autonomes ont damé le pion à l'UGTA et raflé l'essentiel de la contestation dans le monde du travail. Depuis quelques années déjà, les rentrées sociales son devenues une véritable hantise pour les pouvoirs publics. Il est tout à fait clair qu'il est plus facile pour le gouvernement de calmer les esprits et d'apaiser un tant soit peu la grogne des syndicats affiliés à l'UGTA, ce qui lui a valu d'ailleurs le surnom de syndicat pompier, que de faire face à la contestation des organisations autonomes. Les pouvoirs publics ont fini, ce qui était prévisible en tous cas, par céder à la pression des syndicats autonomes en acceptant de s'asseoir à la table des négociations alors qu'ils considéraient, quelque temps auparavant leur activité comme illégale. Cela s'explique. L'enjeu est de taille. La stabilité sociale est importante aux yeux de tous. Pour ne citer que le secteur de l'éducation, rien de plus édifiant que la grève déclenchée en 2003 par les deux principaux syndicats autonomes de l'enseignement secondaire, à savoir le Cnapest et le CLA. En dépit de l'absence d'agrément, les deux syndicats ont réussi à paralyser les lycées pendant trois mois. Forts d'une armée de près de 60 000 enseignants, les deux structures ont réussi à arracher une augmentation de salaire de près de 30%. Un acquis perçu par de nombreux travailleurs dont les conditions de vie sont devenues intenables comme un véritable trophée de guerre. Le mérite revient incontestablement au regretté Osmane Redouane, qui était à la tête du Conseil qui devient par la suite la Coordination des lycées d'Alger (CLA). Cet infatigable défenseur des causes justes était devenu en quelque temps grâce à son engagement auprès de ses collègues, non seulement l'ami de tous les enseignants mais aussi l'ami de tous les salariés.