Le président Mahmoud Abbas du Fatah et le Premier ministre Ismaïl Haniyeh du Hamas sont convenus "d'appeler au calme et au retrait des hommes armés des rues" à l'issue de leur rencontre en vue de stopper les heurts meurtriers entre leur deux mouvements, a annoncé M. Haniyeh. "Nous avons décidé d'appeler au calme et au retrait de tous les hommes armés des rues et de continuer le dialogue", a déclaré M. Haniyeh à la presse à l'issue de sa rencontre avec le président Abbas qui s'est tenue au bureau de M. Abbas à Ghaza et à laquelle ont participé des membres d'une délégation sécuritaire égyptienne. M. Abbas, pour sa part, n'est pas sorti au devant de la presse, à l'issue de la rencontre. Les deux hommes ont également convenu "d'un arrêt immédiat des campagnes partisanes à travers les médias, de s'en remettre au seul dialogue pour résoudre les différends politiques et de relancer les négociations en vue de la formation d'un gouvernement d'union nationale", a souligné M. Haniyeh. M. Haniyeh a indiqué, par ailleurs, qu'il avait été décidé de mettre sur pied une commission d'enquête présidé par un juge sur les récents affrontements meurtriers inter-palestiniens. Six Palestiniens, dont un militant du Hamas, quatre du Fatah, dont un colonel, ont été tués jeudi dans des affrontements entre partisans des deux mouvements rivaux dans le nord de la Bandede Ghaza qui ont fait 60 blessés, selon un dernier bilan de sources médicales. Par ailleurs, dans le camp de réfugiés de Balata, à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, des hommes masqués ont grièvement blessé par balles un activiste du Hamas et incendié trois échoppes appartenant à des partisans de ce mouvement, selon des sources sécuritaires palestiniennes. Mercredi, des heurts entre partisans des deux camps avaient fait cinq morts dans la Bandede Ghaza, dont trois membres d'un organe de sécurité fidèle à M. Abbas et un membre des Brigades des martyrs d'al-Aqsa. Dans la soirée de jeudi, M. Haniyeh avait lancé un nouvel appel à la cessation des violences et à l'unité. "J'appelle tous les hommes armés à se retirer des rues, le sang palestinien est très précieux. Nous voulons l'unité nationale et le dialogue pour résoudre nos différends", a-t-il déclaré à la presse. Il a également appelé à "la libération de toutes les personnes enlevées" dans le contexte des récents affrontements. M. Haniyeh avait lancé un appel similaire plus tôt à son retour à Ghaza, à l'issue d'une tournée régionale qui l'a conduit notamment en Arabie pour le pèlerinage de La Mecque. Les violences partisanes, fréquentes dans la Bandede Ghaza depuis la victoire du Hamas en janvier 2006, avaient gagné en intensité à la suite de l'annonce le 16 décembre par M. Abbas de la convocation d'élections anticipées pour débloquer la crise politico-financière qui paralyse l'Autorité palestinienne. Le Hamas avait parlé de "coup d'Etat". M. Abbas avait appelé à ces élections suite à l'impasse de plusieurs mois des négociations avec le Hamas pour former un gouvernement d'union nationale. Un tel gouvernement permettrait la levée du boycottage de l'Autorité palestinienne par les Etats-unis et l'Europe depuis la formation du gouvernement issu du Hamas, considéré comme "terroriste". Les Etats-Unis vont débloquer 86,4 millions de dollars pour renforcer les services de sécurité fidèles au président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, selon des documents officiels dont Reuters a pris connaissance. Les affrontements entre partisans du Hamas et du Fatah, dont Abbas est issu, se multiplient depuis que le président de l'Autorité a annoncé la convocation d'élections anticipées, après l'échec des négociations entamées en vue de la formation d'un gouvernement d'Union. Le mouvement islamiste, au pouvoir depuis mars, a dénoncé un coup d'Etat. Ces heurts ont fait six morts dans la seule journée de jeudi. Par ailleurs, une enveloppe a été allouée par Washington pour "aider la présidence de l'Autorité palestinienne à remplir les engagements pris dans le cadre de la 'feuille de route' en ce qui concerne le démantèlement de l'infrastructure terroriste et le rétablissement de la loi et de l'ordre en Cisjordanie et à Ghaza", indique Washington dans les documents en question. Ce programme, dont la mise en oeuvre sera confiée au général Keith Dayton, coordinateur de la médiation américaine entre Israël et les Palestiniens pour les questions de sécurité, vise à "renforcer certains éléments des services de sécurité palestiniens contrôlés par la présidence de l'Autorité palestinienne", ajoutent ses auteurs. De sources proches du projet, on précise qu'il s'agit de former et d'équiper les membres de la garde présidentielle d'Abbas, notamment en uniformes et en véhicules, mais pas en armement. Selon les autorités israéliennes, Washington a toutefois contribué à l'organisation de livraisons d'armes et de munitions en provenance de Jordanie et d'Egypte et à destination de la garde présidentielle. La dernière livraison aurait eu lieu la semaine dernière. L'enveloppe allouée aux services de sécurité d'Abbas devait à l'origine financer des programmes d'aide humanitaire pour la Bandede Ghaza et la Cisjordanie, qui ont été "supprimés ou suspendus après l'arrivée du Hamas au pouvoir", toujours selon les documents obtenus par Reuters.