Deux Palestiniens ont été tués et 6 blessés lors d'affrontements entre activistes du Hamas et du Fatah qui se sont produits durant la nuit de mardi à mercredi en dépit d'un nouveau cessez-le-feu conclu entre les deux mouvements, a-t-on indiqué mercredi de sources médicales. Le président palestinien Mahmoud Abbas et le Premier ministre issu du Hamas Ismaïl Haniyeh ont en effet annoncé mardi soir l'entrée en vigueur d'un "cessez-le-feu total", après des heurts entre le Hamas et le Fatah qui ont fait onze morts depuis samedi. Selon M. Abbas, cet accord sur la cessation des hostilités --le deuxième en 48 heures-- entre les groupes armés palestiniens devait débuter dans la bande de Gaza à 21H00 GMT (23 heures locales). "A partir de 23H00 (21H00 GMT), il y aura une accalmie totale qui nous permettra de vaquer à nos affaires et de nous occuper de notre peuple", a-t-il déclaré aux journalistes à Ramallah, en Cisjordanie. M. Haniyeh a confirmé l'accord, qui prévoit un retrait de tous les hommes armés des rues. "Les services du ministère de l'Intérieur vont veiller à l'application de cet accord cette nuit même, et nous espérons que notre peuple se réveillera demain dans une situation meilleure afin que nous puissions régler la crise actuelle", a dit le Premier ministre, lors d'une conférence de presse avec le chef de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), le Turc Ekmeleddin Ihsanoglu. M. Ihsanoglu a mené une médiation entre les deux dirigeants pour tenter de ramener le calme. Malgré l'annonce de cet accord, des affrontements se sont poursuivis dans la soirée à Gaza, des partisans du Hamas et du Fatah continuant de s'opposer dans le quartier de Sabra. Les accrochages dans la bande de Gaza, qui ont fait surgir le spectre d'une guerre civile, ont éclaté après la décision de M. Abbas de convoquer des élections anticipées faute d'accord avec le Hamas sur la mise en place d'un gouvernement d'union nationale après six mois de discussions. Mardi, deux membres des forces de sécurité fidèles au Fatah de M. Abbas et deux autres partisans de ce parti ont été tués et une dizaine d'autres personnes, dont cinq écoliers, blessées dans des combats avec des activistes du Hamas dans divers endroits dans la ville, selon des sources médicales. L'un d'eux a été enlevé par des hommes armés avant d'être retrouvé, le corps criblé de balles. Un membre de la "force exécutive" du Hamas a été tué et un autre grièvement blessé dans les accrochages. Ce dernier a succombé à l'hôpital. Cette flambée de violence avait sonné le glas d'un premier accord de cessation des hostilités conclu dimanche soir entre le Fatah et le Hamas. "Le dialogue doit être le seul mot d'ordre. Il ne faut pas recourir aux armes et j'appelle tout le monde à la retenue et à mettre fin à toute présence armée qui aggrave ces tensions", avait déclaré plus tôt M. Haniyeh lors d'une longue allocution télévisée à Gaza. "J'appelle à une réconciliation nationale globale pour préserver la paix civile", a ajouté le Premier ministre issu du Hamas. "Je dis aux membres du Fatah et du Hamas: cette bataille ne doit pas être la vôtre. Votre sang nous est précieux", a-t-il clamé. "Nous sommes toujours pour la formation d'un gouvernement d'union sur la base du document d'entente nationale" qui avait servi de base de discussions entre les différentes factions palestiniennes. M. Abbas avait lancé un appel similaire quelques heures auparavant. "J'appelle tout le monde sans exception à cesser le feu et les meurtres (...) afin de sauver notre unité", avait-il déclaré dans un communiqué publié par la présidence à Ramallah. Dans son discours, M. Haniyeh a une nouvelle fois rejeté l'appel de M. Abbas à des élections, le qualifiant d'"anticonstitutionnel". Cet appel "risque de nous ramener dix ans en arrière. Nous n'acceptons pas, nous rejetons cet appel et insistons sur la nécessité de respecter le choix du peuple palestinien", a-t-il dit. Le président palestinien, M. Mahmoud Abbas a proposé le report de la réunion extraordinaire des ministres arabes des Affaires étrangères sur la situation en Palestine en vue d'offrir une chance aux efforts de médiation menée par certains pays arabes d'aboutir à un dénouement de la crise, a annoncé le secrétaire général de la Ligue des Etats arabes, M. Amr Moussa. M. Moussa a précisé que cette proposition lui a été faite par M. Abbas lors d'un entretien téléphonique lundi soir. Le report de la réunion est possible dans le cadre de la contribution de l'organisation panarabe aux efforts de médiation arabes pour résoudre la crise de manière définitive, a indiqué mardi M. Moussa à la presse avant de se rendre à Beyrouth pour tenter de trouver une solution à la crise libanaise.Il a, par ailleurs, souligné que dans le cas où la dégradation de la situation persistait en Palestine, il appellerait à la tenue de la réunion extraordinaire d'autant que les sacrifices arabes en faveur de la cause palestinienne sont énormes, et ce, depuis plus d'une soixantaine d'années. M. Moussa avait annoncé, lundi, qu'il allait entreprendre des concertations avec les Etats arabes en vue de tenir une réunion extraordinaire des ministres arabes des AE pour examiner la situation en Palestine suite aux affrontements entre les mouvements Hamas et Fatah.