Il faut libérer les initiatives et le foncier agricole. Tel est l'appel de M. Issad Rebrab, P-DG du groupe Cevital. Intervenant, hier, aux journées d'étude sur les synergies entre l'agriculture et l'industrie, co-organisées par le FCE et la CNA, M. Rebrab a estimé que quelle que soit l'entreprise privée, l'Etat est le premier actionnaire de ces entreprises à travers la fiscalité. Il a indiqué, dans ce sens, que l'entreprise privée participe à hauteur de 54% dans la création de la richesse. Il évoquera dans ce sens l'expérience de son groupe qui connaît actuellement un taux de croissance annuel de 50 %. Le groupe Cevital, qui est actuellement constitué en holding chapeautant plusieurs pôles à savoir l'agroalimentaire, l'industrie, la construction et les services, a réalisé un chiffre d'affaires de 1,6 milliard de dollars en 2007 et table sur un chiffre d'affaires de 5 milliards de dollars d'ici à 2012. Dans ce sens, le groupe est le premier contribuable dans le secteur agroalimentaire et quatrième contribuable après Sonatrach. Dans le segment agroalimentaire, Cevital a consenti énormément d'efforts dans la couverture des besoins du marché national. Il faut dire que la crise alimentaire qui secoue actuellement le scène mondiale et revient dans tous les débats, a mis en évidence la nécessité de sécuriser le marché interne. Dans ce sens, le P-DG de Cevital a indiqué que son groupe couvre 140 % des besoins du marché en huile de table. Aussi, le groupe dispose d'une capacité de production de sucre de 600 000 tonnes, laquelle va passer à 1,8 millions tonnes dès 2009. Il a également évoqué le lancement d'un projet à travers Cévigro en partenariat avec le canadien multipliant, pour la production de semences de pommes de terre pour laquelle les besoins en fonciers seraient estimés à 17 000 hectares en zones répondants aux normes phytosanitaires. Néanmoins, le projet rencontre certaines lenteurs bureaucratiques, malgré le fait que ce projet revêt une importance primordiale, vu que l'amélioration de la qualité des semences permettra de gagner en productivité. Selon M. Rebrab, si on arrive à porter la production à 5 millions de tonnes de pomme de terre pour 100 000 ha, on arrivera à nourrir à prix raisonnable une population qui consomme la production en céréales de 1,5 million d'hectares et on atteindra à une satisfaction des besoins nationaux, d'où une économie pour le pays de l'ordre de 120 millions d'euros. Car il faut le dire, la pomme de terre constitue l'alternative idoine aux céréales. Les projets de Cevigro ne s'arrêtent pas là. L'entreprise a lancé en 2004 un projet de production d'agrumes sur 2 000 hectares de vergers. Le P-DG de Cevital reviendra également sur la nécessité d'aller vers la trituration des graines oléagineuses. Il indiquera, dans ce sens, avoir lancé un projet de trituration multigraine pour un investissement de 8 milliards de dinars. Malheureusement celui-ci est bloqué depuis 6 ans. M. Rebrab estimera également que vu l'envolée des cours des oléagineux, lesquels ont triplé en une année, il est nécessaire de développer la filière en Algérie, d'autant plus que cette situation risque de perdurer, car la culture des oléagineux ne se substitue nullement aux céréales, mais aux jachères. Ceci contribuera à assurer la sécurité alimentaire du pays, à la création de 100.000 emplois et à la création d'une valeur ajoutée de 1,5 milliard de dollars.En conclusion, il est donc nécessaire que le secteur privé investisse dans l'agriculture pour garantir la satisfaction des besoins nationaux et dégager des excédent à l'export.