L'adhésion de l'Algérie à la Zone arabe de libre-échange suscite déjà des réactions, notamment de la part des opérateurs économiques. Lesquels, semble-t-il, s'inquiètent des retombées d'une telle décision. Ainsi, le Forum des chefs d'entreprise (FCE) a exprimé hier son inquiétude quant au sort des opérateurs nationaux après la suppression des barrières douanières. Lors d'une conférence de presse organisée à Alger, les patrons, à l'unanimité, affichaient leur mécontentement quant à l'annonce de l'Algérie d'adhérer à la Zone arabe de libre-échange (ZALE). M. Reda Hamiani, président du FCE, a indiqué, au cours de la rencontre, avoir demandé aux pouvoirs publics de différer de deux ans l'application de l'accord de la Zone arabe de libre-échange. La demande de ce report, expliquera-t-il, ne signifiait nullement une quelconque réticence du FCE à l'ouverture économique du pays mais que celle-ci devrait s'effectuer «en concertation» avec le monde de l'entreprise. Il a mis en exergue «l'absence de concertation et de dialogue» entre les pouvoirs publics et le patronat autour de cet accord «qui risque d'avoir des effets néfastes sur l'économie à court terme». Parmi les conséquences néfastes de cet accord, le patron du FCE énumère «le déversement sans limites» des produits des pays arabes sur le marché national qui «risque de provoquer la fermeture de nos usines notamment dans les secteurs fragiles comme l'agroalimentaire». Face à une telle menace, Reda Hamiani a plaidé pour le confortement des entreprises algériennes afin de leur permettre de mieux affronter la concurrence étrangère. Car, a-t-il relevé, l'économie algérienne connaît actuellement des dysfonctionnements (la fiscalité, la mise à niveau des entreprises et le foncier industriel) qui pénalisent le tissu industriel et l'empêchent de s'épanouir. De son côté, Issad Rebrab, P-DG du groupe Cevital, s'interroge : «On ne comprend pas comment on décide sans avoir consulté au préalable les opérateurs économiques et les concernés.» Pour lui, «il faut qu'il y ait une concertation». En somme, «l'ouverture telle que conduite actuellement est porteuse de dangers» à travers le risque de fermeture d'usines, la mise au chômage et le renforcement du marché informel, affirment nombre de chefs d'entreprise : «Les entrepreneurs algériens ne luttent pas à armes égales avec les chefs d'entreprise arabes qui, contrairement aux opérateurs algériens qui veulent commercialiser leurs produits dans ces pays, bénéficient de toute la considération et des facilitations en Algérie.» Il convient de souligner que l'Algérie annoncera officiellement, lors du sommet économique arabe prévu en janvier 2009 au Koweït, son adhésion à la Zone arabe de libre-échange. Les importations de l'Algérie en provenance des pays arabes ont atteint 865 millions de dollars contre des exportations d'une valeur de 1,5 milliard de dollars, en 2007. S. B. Rebrab annonce 4 milliards de dollars d'investissements Le P-DG du groupe Cevital, M. Issad Rebrab, a indiqué hier en marge d'une conférence de presse à Alger que son groupe est sur le point de lancer plusieurs projets dans différents secteurs, pour un montant de 4 milliards de dollars. Il a cité des projets dans la pétrochimie, la chimie industrielle, l'aluminium et la semence de la pomme de terre. Ces projets n'attendent, selon lui, que l'aval de l'Agence nationale de développement des investissements (ANDI). Il a également parlé d'une université à Alger, outre la réalisation de 120 centres commerciaux et de 130 magasins de proximité à travers le territoire national. Le P-DG de Cevital nous apprend aussi que des centrales d'achat seront réalisées à Oran, Alger, Constantine et Bouira, relevant que le foncier industriel demeure une préoccupation pour son groupe et une contrainte majeure pour les investisseurs. S. B.