Les présidents russe et bélarus Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko sont parvenus hier à "un compromis" dans la crise concernant le transit de pétrole russe vers l'Europe, a annoncé le service de presse de la présidence bélarusse sans, pour autant, révéler les détails de ce compromis. Il faut dire que rien ne présageait un tel dénouement. En effet, la veille (mardi), au sortir d'une longue rencontre avec le vice-premier ministre biélorusse, Andreï Kobiakov, à Moscou, le ministre du Développement économique russe, Guerman Gref, a annoncé l'échec des négociations. M. Gref, qui se disait prêt "à engager des négociations sur toutes les questions qui fâchent", posait pour condition préalable la levée de "toutes les mesures illégitimes et sans précédent, comme la taxe sur le transit" du pétrole russe, mises en place par Minsk. Cette redevance s'élevant à 45 dollars sur chaque tonne de pétrole russe passant par son territoire. Par ailleurs, aucune reprise des pourparlers n'avait été annoncée pour le lendemain. Cette situation avait poussé la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays préside l'Union européenne, a jugé "inacceptable" de ne pas avoir été informée de la fermeture de l'oléoduc Droujba, qui assure l'approvisionnement en pétrole de plusieurs pays européens. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a jugé, pour sa part, qu'il n'était pas acceptable que des pays fournisseurs ou par lesquels transite (le pétrole), prennent des mesures importantes sans consultations avec leurs partenaires. Après s'être réjoui de l'accord du 5 janvier dernier entre la Russie et la Biélorussie concernant les prix du gaz, l'Union européenne était de nouveau retrouvée contrainte de déployer ses efforts diplomatiques pour tenter de résoudre cette question, menaçant encore ses précieux approvisionnements en énergie. Avant l'annonce de ce compromis, l'UE a décidé de convoquer pour aujourd'hui à Bruxelles, "de façon urgente", les experts pétroliers des 27, pour analyser la situation. Elle n'avait pas exclu que des représentants russe ou biélorusse soient également invités à cette réunion. Tout avait commencé quand lundi, les livraisons de brut russe, destinées à la Pologne, à l'Allemagne et à la Slovaquie, qui passent par le territoire bélarus ont été brutalement interrompues. Moscou et Minsk se rejetaient, depuis, mutuellement la responsabilité de la coupure de pétrole. Le Bélarus, furieux que la Russie lui ait imposé une taxe sur ses importations de brut russe à compter du 1er janvier et ait doublé le prix du gaz qu'elle lui livre, a riposté en instaurant une taxe de 45 dollars sur chaque tonne de pétrole russe passant par son territoire. Moscou refusait de payer cette taxe et menaçait le Bélarus de mesures de représailles commerciales, si son petit voisin de l'ex-URSS s'entête à vouloir imposer ce prélèvement. Aux yeux de l'Europe, la Russie fait, une nouvelle fois, figure de partenaire énergétique peu fiable après le précédent de janvier 2006, lors du conflit russo-ukrainien sur le gaz. En effet, la chancelière allemande, Angela Merkel, a accusé la Russie de ruiner la "confiance" placée en elle sur les approvisionnements en énergie.