Selon certaines estimations, l'Arctique abrite un quart des réserves de pétrole et de gaz naturel restant à découvrir sur la planète, une manne que le recul de la banquise rend de plus en plus accessible et qui attise les convoitises parmi les Etats qui pourraient revendiquer le droit de les exploiter (Canada, Danemark, Norvège, Russie et Etats-Unis). En effet, la plupart des accumulations de pétrole et de gaz naturel de cette région sont situées dans des zones que le Canada partage avec les Etats-Unis et le Danemark, et dont les frontières font l'objet de contestations. Le pétrole et le gaz de l'Arctique sont par ailleurs situés loin des côtes, ce qui présente d'importants défis pour leur exploitation et transport vers les marchés. L'ensemble de l'Arctique abriterait l'équivalent de 412 milliards de barils, selon une récente étude américaine, principalement au large des côtes de la Russie. En comparaison, les sables bitumineux de l'Alberta renfermeraient, d'après les estimations, environ 173 milliards de barils d'or noir. C'est donc, dans ce contexte, que l'Arctique est devenu le théâtre d'une concurrence croissante entre ses nations riveraines. La Russie, qui a planté l'an dernier un drapeau en titane par plus de 4.000 mètres de profondeur à la verticale du pôle Nord, et dans une moindre mesure, le Danemark via le Groënland, le Canada et la Norvège en revendiquent tous une portion de ces contrées pleines de promesses. Selon l'estimation de l'étude de l'agence gouvernementale américaine de recherche géologique, publiée le 23 juillet dernier, le cercle du Pôle nord Arctique renfermerait des réserves inexploitées de quelques 90 milliards de barils de pétrole, du pétrole techniquement récupérable. L'Arctique recèle également 1.670 billions de pieds cube de gaz naturel techniquement récupérable, et 44 millions de barils de gaz naturel liquide également récupérable, selon l'US Geological Survey (USGS). Ces ressources représentent environ 22% des ressources inexplorées récupérables du monde. Les richesses énergétiques de l'Arctique représentent ainsi 13% du pétrole non-découvert, 30% du gaz naturel non-découvert et 20% du gaz naturel liquide non-découvert. Et l'exploitation de ces énergies devrait se faire pour 84% offshore. Selon ces estimations totales, plus de la moitié des ressources de pétrole non découvert est justement dans les trois provinces géologiques, l'Alaska arctique, les bassins de l'Amerasia et les bassins de l'est du Groenland. Sur une base équivalente du pétrole, le gaz naturel non découvert est trois fois plus abondant que le pétrole en Arctique. Par ailleurs, plus de 70% du gaz naturel non découvert se trouverait dans trois régions, le bassin de l'ouest de la Sibérie, les bassins de Barents et l'Alaska arctique, montrent les estimations de l'agence américaine. Jusqu'à présent, l'exploration destinée à la recherche de pétrole a conduit à la découverte de plus de 400 champs de pétrole et de gaz dans le cercle du Pôle nord arctique. Et ces champs recèlent quelque 40 milliards de barils de pétrole et 1.100 billions de pieds cubes de gaz, ainsi que 8,5 milliards de barils de gaz naturel liquide. C'est la première fois que des chiffres aussi précis sont avancés pour décrire le potentiel énergétique du Grand Nord. La nouvelle peut satisfaire les industriels, faisant un pied de nez à ceux qui voient la mort du pétrole proche, mais cette nouvelle étude risque d'ajouter de la pression au débat entourant le contrôle des ressources de cette région.