L'Arctique, bloqué par la banquise une grande partie de l'année, subit une transformation due au réchauffement climatique qui laisse envisager une utilisation économique, l'exploitation des ressources naturelles ou l'ouverture du passage du nord-ouest à la navigation. L'océan Arctique, qui s'étend sur plus de 14 millions de kilomètres carrés, est bordé par l'Europe, l'Asie et l'Amérique. Il communique au sud avec l'océan Atlantique par la mer de Barents et le détroit de Fram, et à l'ouest avec l'océan Pacifique à travers le détroit de Bering. L'Arctique est particulièrement menacé par le réchauffement climatique, avec la fonte attendue d'une grande partie de la banquise. Selon le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec), la température moyenne y a en effet augmenté deux fois plus au cours des 100 dernières années que la hausse moyenne mondiale. L'exploitation minière qui deviendra possible grâce à la disparition d'une grande partie de la banquise attise beaucoup de convoitise des pays voisins de l'Arctique : le US Geological Survey, l'agence gouvernementale scientifique américaine spécialisée dans les hydrocarbures, estime que 25% des ressources mondiales de pétrole se trouvent au nord du cercle polaire. Cet appétit s'est exacerbé avec la mise en place de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de Montego Bay sur la Zone économique exclusive en mer (ZEE). Cette convention permet aux pays côtiers d'un océan d'étendre leurs droits pour l'exploitation des ressources naturelles, minérales, énergétiques, biologiques, de 200 milles actuellement à 350 milles, si cette zone constitue “la prolongation naturelle du plateau continental”. Les demandes doivent être déposées devant la Commission des limites du plateau continental (CLPC) avant mai 2009. L'expédition russe Arctique 2007 entend bien rappeler les visées de Moscou sur le contrôle de ces territoires. Le vice-président de la Douma (chambre basse du Parlement russe) Artour Tchilingarov, qui dirige l'opération, a estimé qu'elle aiderait la Russie à avancer dans la revendication de ces régions. “L'Arctique est à nous et nous devrions y montrer notre présence”, a-t-il déclaré. Les scientifiques espèrent pouvoir établir qu'une partie du fond sous-marin passant par le pôle Nord, connu sous le nom de “dorsale Lomonossov”, est en réalité une extension géologique de la Russie. En 2001, Moscou avait déposé une requête en ce sens devant une commission de l'ONU. Plusieurs autres pays nordiques tentent d'étendre leurs droits aux ressources sous-marines situées au-delà de leur ZEE et les médias russes rappellent qu'une expédition américaine est en route pour une autre zone de l'Arctique, la dorsale de Gakkel. R. I./Agences