Après avoir balayé samedi la partie occidentale de Cuba où il a fait des blessés et causé des dégâts importants, l'ouragan Gustav devait arriver dans la journée d'hier vers le golfe du Mexique où se concentre un quart de la production américaine de pétrole brut et 15% de celle de gaz naturel. Une partie de la production dans cette zone a été ou va être d'ailleurs interrompue alors que le personnel devait être évacué vers la côte, ont indiqué samedi les compagnies Shell et ExxonMobil. “La production de 5 000 barils de pétrole par jour et de 1,4 million de m3 de gaz par jour a été interrompue”, a expliqué l'américain ExxonMobil sur son site internet. Le néerlando-britannique Royal Dutch Shell a indiqué sur son site internet avoir “commencé les procédures de fermeture pour quelques installations opérées par Shell”. “Cette tempête va être plus dangereuse que Katrina”, a estimé l'analyste Jim Roullier, de Planalytics, ajoutant : “Je pense que cette tempête sera le pire scénario pour la région productrice d'hydrocarbures”. D'ores et déjà, selon les chiffres des services américains de gestion des ressources minérales, 76,8% de la production de pétrole brut texan dans le golfe a été arrêtée, de même que 37% de production de gaz naturel. Six raffineries de Louisiane, soit 7,4% de la capacité américaine de raffinage, fermaient samedi soir du fait de la tempête. Le Louisiana Offshore Oil Port, seul port américain en eau profonde en mesure de décharger les pétroliers géants, a cessé samedi de décharger. Selon une étude de CIBC Marchés mondiaux, les perturbations que risque d'entraîner Gustav dans cette région pourraient faire grimper le prix du pétrole. L'essence pourrait se vendre jusqu'à 1,75 dollar le litre. L'étude soutient que la situation est plus fragile que lors du passage de Katrina, parce que les stocks de pétrole aux Etats-Unis sont plus bas maintenant qu'à cette époque. La Banque canadienne soutient que la production de pétrole dans le golfe du Mexique est de plus en plus menacée par les tempêtes violentes dont l'intensité et la fréquence sont croissantes. Selon l'analyse de la CIBC, les dommages causés par les ouragans les plus récents ont été de plus en plus importants au fil des ans et leurs effets ont été de plus en plus durables aussi. Le centre national des ouragans de Miami estime que Gustav en reprenant de la vigueur pourrait s'avérer aussi destructeur que Katrina et Rita, il y a trois ans. Ces angoisses provoquent une tension conjoncturelle à la hausse sur les cours du pétrole. Le département fédéral de l'Energie se dit, cependant, prêt à utiliser une partie des réserves pétrolières stratégiques. “Nous sommes mieux placés que jamais pour faire face à un scénario d'interruption de la production pétrolière”, a dit Kevin Kolever, du département de l'Energie. Les autorités pourraient prélever jusqu'à 4,4 millions de barils par jour, soit trois fois la production quotidienne du golfe du Mexique. Les réserves stratégiques sont actuellement de 707 millions de barils. Par ailleurs, le numéro deux de l'AIE, William Ramsey, a indiqué que, si le passage de l'ouragan Gustav devait engendrer des destructions dans le golfe du Mexique, où sont concentrées la plupart des installations pétrolières américaines, l'AIE puiserait “bien entendu” dans ses réserves stratégiques pétrolières.