En marge de la visite d'inspection qu'il a effectuée samedi à Oran, le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a indiqué que suite aux instructions récentes du chef de l'Etat, Sonatrach va rediscuter son niveau de participation dans le projet de réalisation d'un complexe d'aluminium à Béni-Saf avec ses partenaires, le consortium émirati Mubadala-Dubal. Pour rappel, les pouvoirs publics ont entamé une refonte de tout le processus d'investissement. Celui-ci, critiqué en termes acerbes par le chef de l'Etat lors de son discours devant les élus locaux, a été revu et corrigé à travers une nouvelle série de mesures, notamment celle relative aux projets d'investissement impliquant des capitaux étrangers dans lesquels l'Algérie entend, à l'avenir, détenir la majorité du capital. C'est dans ce cadre que des discussions vont être entreprises avec le partenaire émirati pour revoir les niveaux de participation de chacun dans le projet.Il faut dire que depuis l'annonce du projet, la répartition du capital de l'aluminerie entre les Algériens (30%) et les Emiriens (70%) a été pointée du doigt. Il est donc claire qu'à travers ces négociations la partie algérienne compte arriver à décrocher la majorité dans ce projet, chose qui ne sera peut être pas aisée, d'autant que l'étude sur la viabilité de cette usine géante (annoncée avant la fin de l'année en cours) est toujours attendue par les sociétés initiatrices du projet. " Cette étude va nous dire si le projet est rentable ou non. Après, c'est aux investisseurs de décider de poursuivre le projet ou d'arrêter ", avait expliqué fin avril, lors d'une conférence de presse à Oran, Brian F. Kenny, directeur du projet pour Dubal. Par ailleurs, l'obstacle principal sur le chemin de ce projet est le coût de réalisation d'une aluminerie, avec ses installations annexes : centrale électrique de 2 000 MW, station de dessalement de l'eau de mer de 46.000 m3 par jour, un port pour accueillir des bateaux de 65.000 tonnes, etc. Le coût de construction de ce type d'usine a triplé en trois ans et les fournisseurs des machines nécessaires à la production de lingots d'aluminium ont des carnets de commandes pleins. Partout dans le monde, il y a des projets de construction d'aluminerie et de centrales électriques, ce qui a fait flamber les coûts de réalisation de ces installations. Si les investisseurs approuvent le projet, il faudra une année supplémentaire pour le démarrage des travaux, le temps de chercher et d'obtenir les financements nécessaires, estimés à plus de 7 milliards de dollars. La production de l'usine est destinée en très grande partie à l'exportation. Les marchés européens et américains sont visés par les promoteurs du projet. L'aluminerie de Béni-Saf créera 2.500 emplois directs et plus de 7.000 emplois indirects. Sa réalisation, qui durera un peu moins de trois ans, nécessitera 11.000 travailleurs. L'usine sera implantée sur 550 hectares dans la future zone industrielle de 6.000 hectares de Béni-Saf.