Réunissant les ministres des Finances et les gouverneurs des Banques centrales de plus de 180 pays, l'Assemblée annuelle du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, tenue lundi à Washington, a suscité des sentiments d'optimisme quant à la résolution de la crise financière mondiale, qui semble avoir réagi suite aux plans d'actions lancés par les Etats-Unis, le G7 et les pays de la zone euro. Cette assemblée présage un bon augure également pour les pays africains lesquels, selon l'économiste en chef de la Banque mondiale pour l'Afrique, M. Shanta Devarajan, profiteront de cette opportunité afin de surmonter la pauvreté et de poursuivre l'épanouissement. Le patron de la BM a, en effet, particulièrement insisté sur l'Afrique en constatant qu'un taux de croissance moyen de 6,6 % a été réalisé entre 1997 et 2007 dans quelque 25 pays d'Afrique subsaharienne, qui comptent près des deux tiers de la population de la région, et brossent un tableau qui permet d'escompter l'apparition d'un autre pôle de croissance au cours des prochaines décennies. ''Cela pourrait être une avancée majeure qui, non seulement contribuerait à surmonter la pauvreté et à poursuivre le développement, mais aussi permettrait à des talents et à des énergies multiples de se manifester'', a-t-il souhaité. ''Nous devons être à l'écoute des Africains qui sont de plus en plus nombreux à nous dire qu'ils veulent avoir accès à des marchés et à des opportunités, et non dépendre de l'aide'', selon lui. Il a fait savoir que la BM réoriente son action d'être un prestataire de programmes de développement adaptés pour surmonter la pauvreté et orienter la croissance. Le président de la Banque mondiale, M. Zoellik a, quant à lui, jugé que la crise financière pourrait complètement changer la donne pour de nombreux pays en développement. Pour ce qui est de la crise financière, le Directeur général du FMI, Dominique Strauss Kahn, s'est voulu rassurant quant au dénouement de la crise. ''J'ai bon espoir que nos économies et nos sociétés pourront sortir indemnes de cette crise'', a-t-il noté, mais à condition qu'il y ait une coordination entre les pays à travers des actions concertées et globales pouvant s'attaquer à toutes les facettes des problèmes des marchés financiers : les liquidités, les actifs douteux, la pénurie de capitaux et la confiance. A ce propos, M. Strauss Kahn a salué les représentants pour avoir approuvé le plan d'action formulé vendredi dernier par le G-7, lesquels ont aussi confié au FMI une ''responsabilité spéciale'' qui est d'identifier les enseignements à tirer et recommander des actions efficaces en vue de rétablir la confiance et la stabilité. Pour le DG du FMI, une telle action s'ordonne autour de quelques principes. Il s'agit de s'assurer de l'utilisation de l'argent public et de son suivi effectif, de prévoir des garanties pour les déposants et des assurances pour les créanciers qui soient suffisantes pour assurer le fonctionnement des marchés, de régler la question des actifs compromis et fournir de la liquidité et de prévoir la recapitalisation des banques. Pour les économies avancées, a-t-il poursuivi, cela signifie qu'il convient de recourir à la politique budgétaire, d'engager des plans de relance plus ambitieux, de faire appel à la politique monétaire pour étayer la croissance. Quant aux économies émergentes, certaines sont en mesure de puiser dans leurs réserves pour financer une insuffisance temporaire et brusque des entrées de capitaux, alors que d'autres devront relever leurs taux directeurs afin de les aligner sur l'augmentation des primes de risque pour endiguer les sorties de capitaux et maintenir la confiance dans leur monnaie, a suggéré le patron du FMI. Pour les économies qui pourraient avoir besoin d'assistance, et peut-être même d'une aide très substantielle, il a rappelé que le CMFI a invité le FMI à apporter un soutien financier aux pays membres qui en ont besoin, que le fonds répondra à cet appel. Analysant les causes de la crise financière, M. Strauss Kahn a estimé que celle-ci est le résultat d'une triple carence : carence de la réglementation et du contrôle dans les économies avancées, carence de la gestion du risque dans les établissements financiers privés, carence des mécanismes censés discipliner le marché. Pour éviter que ces défaillances ne se reproduisent, il faudra un effort international. ''Si nous voulons empêcher que cela ne se répète, il faut à mon sens, renforcer l'efficacité et la légitimité du système. Pour ce faire, nous devons améliorer la coordination et réduire les cas de double emploi entre les organisations internationales, tout en nous efforçant de mieux suivre les accords internationaux", a-t-il dit. Abordant la question cruciale de la réforme du FMI, M. Strauss-Kahn a reconnu que ''si l'on doit s'appuyer davantage sur les institutions multilatérales, celles-ci devront être non seulement universelles, mais représentatives. Dans le cas du FMI, la réforme des quotes-parts et de la représentation (approuvée en avril dernier) est très importante''. Il a également annoncé que les modalités de prestation de l'assistance technique du FMI seront modifiées, en ouvrant de nouveaux centres régionaux et en mettant en place un système de tarification de ses services qui tient compte des niveaux de revenu des pays bénéficiaires.