Pour la première fois depuis février 2007, Le baril de pétrole Brent est tombé hier sous les 59 dollars, touchant les 58,85 dollars. Le baril pour livraison en décembre a ainsi atteint vers 08H30 GMT un plus bas depuis le 21 février 2007. Quelques minutes plus tard, il cédait encore 1,48 dollar par rapport à la clôture de la veille, à 59 dollars. Pendant ce temps, le baril de "light sweet crude" pour livraison en décembre, échangé à New York, cédait 1,24 dollar à 62,67 dollars lors des échanges électroniques. La décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de réduire son offre de 1,5 million de barils par jour à compter du 1er novembre semble donc pour l'heure insuffisante à inverser la tendance. La décision "va prendre beaucoup de temps pour se mettre en place", avait déclaré dimanche le ministre de l'Energie et président en exercice de l'Organisation, M. Chakib Khelil. L'Arabie saoudite, chef de file de facto de l'Opep et alliée traditionnelle des Américains, n'a notamment pas encore fait connaître la baisse de son offre, un signe fort guetté par le marché pétrolier. En effet, le marché attend un signe permettant de dire que l'Arabie saoudite, principal producteur de l'Opep, va réduire sa production conformément à la décision prise le mois dernier par l'Opep. Après avoir perdu un tiers de sa valeur sur le seul mois d'octobre, du jamais vu, les cours sont restés sous pression dans un marché dominé par les craintes pour la demande d'or noir. "C'est une tendance relativement bien ancrée dans le marché", a expliqué Antoine Halff, de Newedge Group. "Tous les prévisionnistes revoient à la baisse leurs estimations (de demande, ndlr) et le marché reste braqué sur les risques de contraction de l'économie", a ajouté l'analyste. Le prix du pétrole fait donc les frais des craintes d'un risque de récession économique dans le monde entier. La Commission européenne a indiqué lundi que les quinze pays de la zone euro étaient d'ores et déjà entrés en récession technique, caractérisée par au moins deux trimestres de recul de leur Produit intérieur brut (PIB), une première depuis la création de la monnaie unique en 1999. Aux Etats-Unis, premiers consommateurs mondiaux d'or noir, l'activité industrielle est tombée en octobre à son plus bas niveau en 26 ans, selon l'indice des directeur d'achats ISM publié lundi. Par ailleurs, les stocks américains de brut, qui seront publiés aujourd'hui, devraient avoir progressé de 1,1 million de barils la semaine dernière, en raison d'importations accrues, avec une capacité d'utilisation des raffineries en hausse de 0,2 point, selon le consensus des économistes interrogés par Reuters. Focalisé sur les perspectives économiques, "le marché a mis un voile sur les risques qui pèsent sur l'offre", a souligné l'analyste de Newedge Group. Avec des prix du baril qui pour beaucoup d'analystes pourraient toucher à court terme les 50 dollars, le pétrole ne serait plus assez cher pour assurer les investissements nécessaires à maintenir la production à un niveau suffisant. "Les coûts de production restent élevés. Si on baissait à 50 dollars, cela mettrait en péril une partie de la production et l'équilibre entre l'offre et la demande se resserrerait immédiatement", a noté M. Halff.