Un musée est non seulement une architecture qui comporte en soi des récits historiques mais aussi un contenu qui se traduit par des objets ayant une valeur aussi matérielle que symbolique. Plus l'espace muséal acquièrt de nouveaux objets, pas n'importe lesquels bien sûr, plus sa valeur augmente.C'est ainsi que notre musée national des Arts et traditions populaires qui se situe dans le vieux quartier de la Casbah, vient de s'enrichir de 137 objets nouveaux. Parmi ces 137 objets, 98 ont été carrément achetés alors que les 39 autres ont été reçus à titre de dons. C'est en tout cas ce qu'a révélé la directrice de cette institution, Aïcha Aziza Amamra lors d'une rencontre à cet effet. Cette acquisition patrimoniale qui ne s'arrêtera pas en si bon chemin, est selon la responsable du Musée " un des objectifs du musée " soulignant par ailleurs les efforts déployés par le ministère de la Culture qui a mis sur pied une commission d'acquisition de biens culturels qui s'est réunie deux fois cette année.Selon toujours Aïcha Aziza Amamra et pour la seule période de l'année 2007, le musée a acquis " 100 objets dont 75 ont été achetés et 25 reçus comme donation, tandis que pour l'année 2006, l'achat a porté sur 59 objets et le don sur 25 objets. " soutient-elle. Evoquant des critères de choix d'objets pour acquisition, Amamra a énuméré les critères d'ancienneté, de particularité et d'originalité, de pureté et d'harmonie. " Le critère d'ancienneté ne renvoie pas à une chronologie précise mais doit être interprété dans le sens de " l'âge correct ", a souligné la directrice ajoutant " qu'on ne choisit pas obligatoirement les objets les plus anciens dans le sens objectif du terme mais ceux qui, de par leur aspect renvoient le mieux aux origines et font la preuve de la continuité historique ". " Par les mots critère de particularité et d'originalité ", on veut désigner des objets qu'on ne trouve pas dans d'autres cultures tandis que le " critère pureté " s'applique aux objets les moins marqués par les influences étrangères ", a expliqué Mme Amamra relevant que le "critère d'harmonie " renvoie aux objets qui, de par leur fabrication ou leur décor, donnent une idée du sens esthétique des anciens. Parmi les pièces acquises en 2008, figurent 28 tissages, " les premières acquisitions de tissages de la région de Boussaâda faites par le musée ", a précisé Mme Amamra à propos de ces tissages très colorés, aux motifs géométriques. Le musée national des Arts et traditions populaires a acquis également une série de bijoux des 19e et XXe siècles de la région de la Grande Kabylie, dont des colliers constitués par alternance de granulations et de pièces de corail et quelquefois de pièces de monnaie ancienne, des " khalkhal " (chevillères) dont la ciselure est caractérisée par la diversité et la richesse des motifs, ainsi que des " tabzimt " (fibules) en argent rehaussés de corail et d'émaux de couleur bleu, jaune et vert. Deux coffrets en argent, également de la Kabylie, présentant une décoration de volutes se terminant par des granulés, ont enrichi la collection d'orfèvrerie du musée qui a également acquis trois fioles en cuivre avec des inscriptions en argent, six marteaux pour casser le sucre datant du 19e siècle, et un " marfaâ " (étagère) en bois ajouré et en fer. "Les dons, pour leur part, consistent surtout en poterie de la région de Taher (w. Jijel) et des Aurès du XXe siècle ainsi qu'en robes de Boussaâda du XXe siècle ", a indiqué Mme Amamra, mettant également en valeur la beauté des " draggas ", tapis à points noués, servant à la séparation des tentes de la région de " Babar " (W. Khenchela), et composés de trois registres dans lequel est inscrit un décor géométrique.