Cérémonie n Dix ans après sa disparition, le buste de l'empereur et philosophe romain Marc Aurèle a retrouvé sa place parmi tant d'autres objets archéologiques au musée des antiquités d'Alger. La cérémonie de restitution de la tête de l'empereur et philosophe romain Marcus Aurelius au musée des Antiquités, s'est déroulée en présence de la ministre de la culture, Khalida Toumi, et de Mourad Medelci, ministre des affaires étrangères. Ce buste volé, rappelons-le, en 1996, du centre culturel communal de Skikda, a été retrouvé par Interpol, en 2004 ; et, après des négociations judiciaires et diplomatiques, il a été restitué, il y a quelques mois, aux autorités algériennes. S'exprimant sur cet événement « historique », Mourad Medelci a déclaré : «La restitution du buste de Marc Aurèle illustre le souci de l'Etat algérien de préserver les biens archéologiques et culturels et l'intérêt qu'il porte pour le patrimoine algérien », ajoutant que cette statue qui a une valeur inestimable, est plus qu'un simple objet archéologique, mais elle est une mémoire, elle est en soi une histoire qui raconte une histoire.» Pour sa part, Khalida Toumi a relevé l'importance de ce geste qu'elle qualifie de significatif. Et de dire : «Il s'agit là d'un événement important parce qu'il signifie le début de la lutte contre le trafic et le détournement des biens culturels.» Elle a, ensuite, mis l'accent sur la nécessité de protéger les biens archéologiques, en indiquant : «L'épisode de Marc Aurèle doit nous servir de leçon. On ne doit pas commettre, à l'avenir, les mêmes erreurs.» Elle a également relevé que l'Etat algérien, soucieux du patrimoine matériel, est déterminé à mettre aussitôt en place une politique structurée et opérationnelle visant à lutter efficacement contre le marché illégal des œuvres d'art et des biens culturels. Un projet de loi est, selon elle, en cours d'élaboration. Elle a aussi souligné que désormais toutes les instances concernées sont impliquées dans la lutte contre le trafic des biens culturels et leur sauvegarde. « Le ministère de la culture travaille désormais de concert avec les services des douanes, ceux de la sécurité nationale ainsi que les collectivités locales pour la lutte contre le détournement de tout bien culturel», a-t-elle dit. Khalida Toumi, pour qui l'objet archéologique restitué n'a pas de valeur monétaire, a, en outre, expliqué que la restitution du buste de Marc Aurèle a nécessité «une longue bataille juridique et de rudes négociations diplomatiques», en raison, a-t-elle expliqué, de «l'absence de législation régissant les espaces muséaux algériens et leur contenu selon les principes juridiques et sécuritaires internationaux.» La ministre a alors déploré la situation de gestion des musées algériens qui ne répondent pas aux lois internationales qui, elles, régissent les grands musées du monde. C'est pour cette raison que la ministre a d'emblée reconnu que «notre patrimoine est menacé», qu'il fait l'objet de déperdition et de pillage, et cela à défaut de textes de lois structurés et détaillés permettant une gestion rigoureuse et des institutions muséales et des sites archéologiques. l Marc Aurèle (Marcus Aurelius) fut un empereur romain (161-180 après Jésus-Christ) et un philosophe stoïcien. Il naquit en l'an 121 à Rome, et mourut en l'an 180. Le buste de Marc Aurèle a été volé le 22 décembre 1996 dans un musée communal de Skikda. Les autorités algériennes avaient aussitôt saisi les services d'Interpol pour le vol de la statue, en même temps que huit autres pièces archéologiques (des bustes aussi) qui n'ont pas encore été retrouvées. Le 16 mars 2004, la trace du buste de Marc Aurèle a été retrouvée à New York. Le 2 juin de la même année, la société britannique The art loss registry, spécialisée dans la recherche des œuvres d'art, antiquités et objets de valeurs volés, a procédé à l'identification du buste de l'empereur Marc Aurèle. Cette information a été immédiatement transmise au bureau Interpol de Washington. Le 7 juin 2004, Interpol Washington a saisi le département américain de la sécurité intérieure, de l'immigration et des douanes et lui a signalé la présence du buste figurant sur le catalogue des objets de valeurs proposés à la vente par Christie, le 8 juin 2004, dans sa galerie à Rockefeller Plaza, à New York, pour le compte de la galerie marchande Samarcande, arts anciens, établie à Paris (France). A la demande des autorités américaines, Christie a retiré la pièce historique de la vente. Le 1er avril 2005, le buste a été identifié comme étant l'une des neuf pièces archéologiques volées en 1996. Le 21 décembre 2005, les services du département américain de la justice ont entamé une procédure judiciaire auprès de la Cour de New York, en charge de l'affaire, en vue de la confiscation du buste volé saisi à la galerie Christie Rockefeller Plaza. Ainsi, le 13 décembre 2006, la Cour de New York a ordonné aux autorités américaines de restituer le buste aux autorités algériennes conformément à la loi. Les services du département américain du ministère de l'intérieur ont alors procédé dernièrement, au siège de l'ambassade d'Algérie, à Washington, à la restitution du buste en marbre de Marc Aurèle.