Nul ne peut nier que l'informatique est devenue une partie intégrante de la vie quotidienne des Algériens comme les autres citoyens du monde entier. D'autant que les ordinateurs sont devenus des outils indispensables qui concernent toutes les activités, à commencer par la gestion et la production des entreprises jusqu'à l'administration de l'Etat. Cependant cette nouvelle technologie a engendré des formes d'abus et de délinquance spécifiques si bien qu'il est plus qu'important d'instaurer une législation appropriée à cette nouvelle criminalité et adapter le juge Algérien au traitement des contentieux liés à ce phénomène. Et selon certains spécialistes, les risques informatiques pour 2008 restent le spam (envoi de messages électroniques non sollicités) et le phishing qui consiste à utiliser la messagerie électronique pour leurrer et inciter les internautes à livrer des informations sensibles exploitées ensuite à des fins malveillantes. Dans ce contexte, l'Algérie abritera à partir du 13 de ce mois un séminaire sur la cybercriminalité. Cet événement sera organisé par le ministère de la Justice durant deux jours à l'Ecole supérieure de la magistrature à Alger en collaboration avec l'Ecole nationale française de la magistrature. Il s'agit en premier de former les magistrats et les cadres du secteur de la justice, de la sûreté nationale, de la Gendarmerie nationale et de la sécurité militaire. Ce séminaire, qui sera animé par deux experts français, portera sur différents thèmes d'importance, notamment la lutte contre la cybercriminalité. Ce sera également une occasion pour les participants d'examiner les lois internationales concernant notamment la criminalisation de la cybercriminalité, la compétence judiciaire et la qualification pénale. A cet effet, les participants auront la possibilité d'acquérir des expériences en matière de lutte contre la cybercriminalité et d'adapter leurs connaissances juridiques aux changements enregistrés au niveau mondial. Il faut dire que la lutte contre la cybercriminalité fait ses pas en Algérie, d'ailleurs, un dispositif juridique pour prévenir et lutter contre les infractions liées aux technologies de l'information et de la communication dont Internet vient d'être adopté par le gouvernement. Ce projet de loi s'inspire "largement de la convention européenne de Budapest sur la cybercriminalité". Il s'agit d'un moyen de défense des intérêts du pays contre cette nouvelle criminalité qui se propage dans le monde. Dans ce cadre , le président Bouteflika avait déclaré, lors de l'adoption de ce projet en conseil des ministres, qu'il apprécie le fait que l'élaboration de ce projet soit inspirée des normes déjà en vigueur dans d'autres pays, dans le respect des droits individuels découlant des conventions universelles pertinentes. Il y a lieu de souligner que la cybercriminalité recouvre deux types d'infractions pénales : il s'agit en premier des infractions directement liées aux technologies de l'information et de la communication (TIC) dans lesquelles l'informatique est l'objet même du délit et les infractions facilitées par les TIC et pour lesquelles l'informatique n'est qu'un moyen. Certains observateurs soulignent le cas de la création de PC zombies en réseaux, c'est-à-dire des ordinateurs de particuliers infectés en secret et pouvant être télécommandés à distance pour mener des attaques ou envoyer des spams. Dans ce cadre, ils expliquent qu'il y a près de 30 millions de PC zombies dans le monde en 2007. Les réseaux mobiles ne sont pas épargnés, avec des risques sur les téléphones portables et les baladeurs. D'ailleurs c'est dans ce cadre que l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications, avec les 3 opérateurs nationaux exerçant sur ce marché, ont engagé une opération d'assainissement quant au respect des procédures d'identification des acquéreurs des puces, exigée par les dispositions des cahiers des charges de ces opérateurs. En Algérie, il existe 6 000 cybercafés, 200 000 accès ADSL, 3 000 sites web, et la 3G ainsi que le haut débit qui arrivent via le mobile avec un contenu local ; il faut savoir aussi que 500 000 images à caractère pédophile circulent en permanence sur la Toile, d'où la nécessité et l'urgence de se préparer à la lutte contre cette nouvelle criminalité.