La Corée du Sud, le Japon et la Chine sont convenus de renforcer la coopération régionale pour faire face à la crise financière internationale à l'occasion d'un sommet exceptionnel. Les trois principales économies d'Asie, dont les relations demeurent profondément marquées par le passé militaire impérialiste du Japon et des différends territoriaux, se sont engagées à relancer la demande intérieure et à ne pas ériger de nouvelles barrières commerciales durant un an. "Les trois dirigeants (...) partagent l'idée qu'il est nécessaire de renforcer la coopération entre les trois pays (...) alors que l'économie mondiale et les marchés financiers font face à de sérieux défis", pouvait-on lire dans un communiqué commun. Le président sud-coréen Lee Myung-bak et les Premiers ministres chinois Wen Jiabao et japonais Taro Aso ont estimé qu'il fallait "faciliter le commerce et l'investissement dans la région et promouvoir la coopération régionale", souligne le communiqué. Les trois hommes, qui ont eu des entretiens bilatéraux avant de se réunir, ont jugé que la coopération ne devait pas se limiter à la coopération financière, illustrée par l'accord d'échange monétaire de 50 milliards de dollars conclu vendredi par la Corée du Sud. Ils ont ainsi décidé de "ne pas ériger de nouvelles barrières à l'investissement ou au commerce de biens et de services, de ne pas imposer de nouvelles restrictions à l'exportation et de ne pas mettre en oeuvre les mesures inefficaces de l'OMC". Evénement exceptionnel parce que rare, le sommet a donné l'occasion aux trois hommes de présenter un front uni face à la crise mais a aussi été marqué par les différends qui les opposent de longue date. Aso a notamment prévenu Wen qu'il ne souhaitait voir se reproduire l'intrusion de navires chinois dans les eaux proches d'un territoire que se disputent Japonais et Chinois en mer de Chine parce qu'il pourrait offrir un accès à des ressources pétrolières et gazières. Wen a répondu que ces îles étaient chinoises, mais que le différend pourrait être résolu par le dialogue. La question de la souveraineté sur un groupe d'îlots a également été évoquée au cours de l'entretien entre le Premier ministre japonais et le président sud-coréen Lee Myung-bak. Ce dernier, qui s'était engagé en février à oeuvrer au réchauffement des relations avec Tokyo, a été le premier samedi à plaider pour un renforcement de la coopération régionale en Asie du Nord-Est. Taro Aso a souhaité une accélération des pourparlers sur un accord de libre-échange entre les deux pays, selon un responsable japonais, mais le président sud-coréen a estimé que les discussions devaient se poursuivre au niveau actuel. Les trois dirigeants, dont les pays représentent 75% de l'économie régionale et deux tiers du commerce, ont estimé que leur région avait à remplir son rôle de "centre de la croissance économique mondiale". Des mesures ont déjà été prises vendredi, à la veille de cette réunion, avec l'adoption par Séoul d'un accord d'échange monétaire et l'annonce par le Japon d'une extension de son plan de relance et de son aide aux banques pour 131 milliards de dollars. La Chine a lancé son propre plan de relance le 9 novembre et a promis mercredi d'augmenter l'investissement public et de réduire les impôts. Un nouveau sommet est programmé l'année prochaine en Chine.