Quand on entend la ministre de la Culture annoncer que pour l'événement de “ Alger, capitale de la culture arabe 2007”, il y aura la publication de plus de mille (1000) titres, il y a de quoi se poser des questions. Parce que de tout temps et pas plus loin qu'avant-hier, les professionnels de la chose livresque ont débattu au forum d'El Moudjahid des problèmes liés à l'univers éditorial et bien sûr la production livresque. Une production qui demeure, selon eux, en deçà des attentes d'un public toujours fortement demandeur. Comment en une année, on peut produire une quantité aussi importante de livres, alors que le reste du temps des ouvrages sortent des rotatives publiques ou privées au compte-goûttes? Pour le plus naïf, il faut croire que toute forme de production est littéralement liée à une volonté des pouvoirs publics. On l'a vu en 2007, où même des chantiers de traduction de plus de 500 ouvrages sont lancés, alors que concernant ce chapitre précis (celui de la traduction), les professionnels se sont toujours plaints de l'absence de cette activité qui ingurgite un argent fou et des moyens humains colossaux. A regarder de près, l'on a l'impression que les choses n'ont pas évolué depuis l'indépendance, du fait que toute la politique productive, surtout celle qui concerne l'univers artistique et culturel est automatiquement liée à l'événementiel. La preuve, c'est qu'en 2003, à l'occasion du grand rendez-vous de, “L'année de l'Algérie en France”, des livres naissaient comme des chatons. Cette année, pour l'autre rendez-vous de “ Alger, capitale de la culture arabe 2007”, les rotatives publiques et privées ne s'arrêtent pas. Dans la logique des choses, il aurait fallu maintenir le cap de cette production, avec par des aides aussi fixes que régulières ainsi que des souplesses en matière juridique comme par exemple la baisse de l'impôt ou alors l'exonération de taxes sur l'importation ce certains ouvrages. Dans d'autres pays où le monde de l'édition est considéré comme un univers hyper important pour l'évolution sociale et culturelle d'une nation, ce sont, carrément, des groupes industriels qui investissent dans le livre. L'expérience de 2004, qui a consisté à donner aux éditeurs privés la publication de quelques livres scolaires, a, véritablement, mis de l'air, et du baume dans les caisses de quelques éditeurs. C'est avec cette aide indirecte de l'Etat que certaines maisons d'édition ont sorti leur tête de l'eau. Cette expérience n'aurait malheureusement pas fait long feu, puisque les pouvoirs publics avaient décidé l'année suivante c'est-à-dire en 2005, de remettre la publication des ouvrages scolaires à la société nationale d'édition de livres scolaire, qui a, de tout temps, eu le monopole de ce dossier. En France par exemple, le secteur du cinéma tout autant que celui du livre, bénéficie systématiquement d'aides indirectes qui permettent aux petites maisons d'édition de survivre et de maintenir leur cadence productive. A la lumière de ces constats, il serait inutile de rabacher les problèmes liés à la chose livresque lors de rencontres de professionnels, parce que seule la volonté de l'Etat pourrait donner du souffle à ce monde qui s'effondre de plus en plus devant les extraordinaires explosions des autres supports du savoir, comme Internet, la télé, ….