Comme si l'on partait d'un néant artistique, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, ne peut faire une quelconque intervention publique sans se référer à l'immense chantier de “Alger, capitale de la culture arabe 2007”. Toumi focalise sur cet événement, certes, premier du genre, mais sans attrait réel sur nos propres projets d'avenir, à long terme. La ministre a annoncé, samedi dernier, lors de son passage au forum de l'ENTV que tous les pays arabes seront nos hôtes. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales avait, en juillet dernier, jugé inélégant plutôt impossible, de faire la fête, d'inviter des pointures du monde de l'art, dans une capitale sale et sans infrastructures. Khalida Toumi, en parfaite démagogue, a pris “ cette gifle ” pour “ un coup de fouet”, ce qui nous a “ poussés déclare-t-elle a accélérer, avec les autres structures, les travaux de lifting”. Les allergiques à l'eau vous diront, qu'à l'heure actuelle, “ Alger la Blanche ” croule sous le poids des ordures et des asticots. Les moins informés vous soutiendront que, depuis juillet dernier aucun hôtel, ni aucune Maison de jeunes, ni même aucun espace d'accueil ne serait-ce celui de l'habitant, n'a été monté. Seule la ministre de la Culture semble savoir où doivent crécher tout ces artistes arabes habitués aux paillettes et au glamour. Lors de cette même intervention, Khalida Toumi a annoncé également ce que l'on sait déjà que des films, des pièces de théâtre, des livres, bref tout ce qui concerne la chose culturelle marmonne, actuellement, dans la grande marmite des préparatifs d' “Alger, capitale de la culture arabe 2007 ”. Le but de ce grand rendez-vous qui se présente sous des ambitions sans limites, est, selon la ministre, de prouver au monde arabe que l'Algérie “ demeure toujours vivante ” malgré les souffrances endurées pendant la décennie noire. L'oratrice évoquera, par ailleurs, la bravoure et la résistance des artistes, ainsi que “ les capacités culturelles que recèle l'Algérie ”. Un fait concret : selon la ministre, la réalisation de la Bibliothèque arabe et de l'Amérique du Sud débutera d'ici à la fin 2007. Sur un autre registre cette fois-ci, tout à fait rédactionnel, Khalida Toumi rappellera que son département a décrété, depuis deux ans, un nombre important de textes et lois relatifs à “ la protection des droits d'auteurs et droits voisins, l'organisation de fêtes, la protection du patrimoine matériel et immatériel ainsi qu'à l'institution de 29 festivals nationaux et internationaux ”. Dans le même sillage, elle annoncera qu'avant la fin 2006, de “ nouveaux textes et lois seront promulgués ”, citant à titre d'exemple “ la loi du livre et de la lecture publique, la loi du cinéma ainsi que la création d'un conseil national de la culture et des arts ”. Au chapitre livre, le département de la culture a créé 10 annexes de la Bibliothèque nationale d'Algérie (BN) dans les villes ayant des universités. Mais en même temps, Khalida Toumi reconnaît que sur les 1541 communes du pays, 394 communes seulement possèdent des bibliothèques ou salles de lecture. En terme de pourcentage, ces chiffres représentent uniquement le quart des communes. Afin d'atteindre la norme universelle de deux livres par citoyen (nous en sommes à un livre par deux citoyens), Khalida Toumi a envisagé de faire appel à d'autres secteurs, notamment celui de l'Intérieur et des Collectivités locales, “ Une bibliothèque dans chaque commune ”. L'éternel projet de la restauration de la Casbah, ainsi que d'autres sites tels la Citadelle, la villa Abdeltif et Djenane Lakhdar (El-Madania ) a été également soulevé sans pour autant que l'auditoire n'ait de réponse précise, puisque la ministre ressortira encore l'argument de l'inexpérience, et du manque de professionnalisme des nôtres dans ce domaine. La solution ? c'est d'envoyer, selon la ministre nos architectes pour des stages de formation. Où sont donc passés les experts italiens à laquelle Khalida Toumi a fait appel ?