C'est sur fond de la crise financière internationale que se tient, depuis hier, le 20e sommet du comité des chefs d'Etat et de gouvernement chargés de la mise en œuvre de l'initiative du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad) à Addis-Abeba. En effet, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a qualifié la réunion d'"importante" en soulignant "l'impératif" d'une coordination pour que l'Afrique parvienne à exploiter l'ensemble de ses mécanismes et instruments de coopération. Intervenant au nom du président la République, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a affirmé que la réunion est importante "en raison du contexte mondial caractérisé par de nouvelles incertitudes porteuses de réelles inquiétudes quant à l'impact de la crise économique mondiale sur les perspectives de développement de l'Afrique". Pour le premier ministre, le sommet de réflexion, tenu en mars 2007 à Alger, procure une "véritable feuille de route dans la mesure où il a permis de réunir un consensus autour des principes et des modalités à mener en œuvre dans ce sens", a-t-il dit. S'agissant du deuxième point soumis à l'ordre du jour du sommet, Ouyahia a mis l'accent sur "l'importance à appréhender ce point en relation avec le lancement de l'Autorité de planification et de coordination du développement". Il a estimé, entre autres, qu'une "discussion approfondie sur ce rôle et sur l'articulation à promouvoir entre l'Autorité et la Commission de l'Union africaine gagnerait grandement des idées, réflexions et recommandations qui se dégageront de l'étude technique sur l'intégration du Nepad dans l'Union africaine". Abordant la crise économique mondiale, qui fait peser de grandes menaces sur les perspectives de développement de l'Afrique, il a estimé que "l'Afrique, dans son ensemble, s'emploie à gérer cette contrainte lourde en y investissant tous ses moyens". Il serait utile de préciser que les travaux de cette session porteront sur la question de l'intégration du programme au sein des structures et processus de l'Union africaine (UA) sur le dialogue entre l'Afrique et le G-8 et sur la nomination d'un chef exécutif du Nepad. Dans ce contexte, le président de la Commission exécutive de l'Union africaine (UA), Jean Ping, a appelé, à l'ouverture du sommet, d'accélérer l'intégration du Nepad au sein des structures de l'UA. En outre, Ping a imputé la lenteur de la mise en œuvre des objectifs assignés à ce comité au budget du secrétariat du Nepad qui est "en deçà des besoins". Il est à rappeler que ce sommet intervient dans une conjoncture de crise. En effet, la tourmente financière, qui règne actuellement sur la planète fait planer des préoccupations quant à une réduction de l'aide aux pays pauvres. D'après des analystes, le tsunami financier va peser sur les sources de financement en Afrique, conduisant à une diminution des montants disponibles à moyen terme de la part des pays développés, qui doivent engager des sommes importantes pour sauver leur système bancaire. Le déficit en infrastructures de transport, de distribution d'énergie et de communications modernes constitue un défi majeur pour le développement économique de l'Afrique et un grand obstacle pour la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Pour combler le retard d'infrastructures, le coût sera très lourd. D'après l'Etude diagnostique des infrastructures nationales en Afrique (AICD), faite par la Banque mondiale (BM) lors de la conférence sur les infrastructures en Afrique, tenue en octobre dernier à Marrakech, les investissements pour le transport en Afrique subsaharienne sont estimés à 209 milliards de dollars entre 2006 et 2015, dont 47% sont destinés à la maintenance et 53% à l'avancement. Un autre élément qui paraît important à souligner, c'est le non-respect des pays du G-8 de leurs engagements envers l'Afrique. En effet, ces pays se sont engagés, en juillet 2005, à doubler leurs aides à l'Afrique à 50 milliards de dollars par an d'ici à 2010. Mais sur ce montant, près d'un quart seulement a été versé. Hamid Si Salem