Les Vénézuéliens ont renouvelé leur confiance au président Hugo Chavez en votant "oui" au référendum qui lui permettra de se représenter en 2012, à l'issue d'une campagne centrée sur son bilan, dix ans après son arrivée au pouvoir. Le oui à l'amendement constitutionnel permettant au président - ainsi qu'à l'ensemble des titulaires de mandats électifs - de se représenter autant de fois qu'il le souhaite l'a emporté avec plus 54% des suffrages, selon des résultats partiels publiés dimanche soir par le Conseil national électoral (CNE). Selon le CNE, après le dépouillement de 94,4% des suffrages, 54,4% des Vénézuéliens ayant participé au plébiscite ont approuvé l'amendement à la Constitution. La poursuite du décompte des voix ne devrait pas influer sur les résultats définitifs de la consultation populaire. 70% des 17 millions inscrits se sont rendus aux urnes. La ville de Caracas a été, immédiatement après l'annonce de la victoire du oui, illuminée par des dizaines de feux d'artifices, tandis que les détonations des pétards résonnaient et que le président Hugo Chavez se montrait au balcon de son palais de Miraflores pour chanter l'hymne national. Pour le président Chavez cette victoire est celle du peuple vénézuélien. "Le 15 février nous avons écrit une page nouvelle de l'histoire de notre pays. Les résultats du référendum sont une victoire éclatante et décisive du peuple et de la Révolution", a-t-il martelé lors d'un meeting à Caracas rassemblant des milliers de personnes. "Nous avons remporté une grande victoire", a dit le leader du Venezuela sous les cris de joie de la population. "Nous avons ressuscité notre patrie moribonde. Je savais que je pouvais compter sur vous, et vous pouvez compter sur moi, je vous le promets", a-t-il ajouté. Le président Chavez n'en est pas à sa première réforme de la Constitution. En 1999 déjà, il avait fait voter une nouvelle Constitution. Le texte renforce la protection des droits de l'homme, autorise les membres de l'armée à voter et donne au président la possibilité de briguer un second mandat. Fin 2007, les électeurs rejettent de peu les 69 amendements proposés par Chavez pour faire du Venezuela une "République socialiste". Il faut dire que le président Chavez était sorti grandi par cet échec dans la mesure où il avait prouvé à ses détracteurs le caractère démocratique des consultations dans son pays. Le résultat de ce dernier référendum, au-delà du fait qu'il consacre la levée de la limite de mandats de tous les élus du pays, y compris le président, et de les autoriser à se représenter, est également un signe fort que c'est toujours la volonté populaire qui guide les destinées de la nation. Car il consacre le principe selon lequel le peuple peut choisir de renouveler sa confiance aux élus ou la leur retirer. Le président Chavez a mis son destin entre les mains de son peuple, et celui-ci en a fait de même. Les prochaines élections présidentielles n'interviendront qu'en 2012, et d'ici à ce jour c'est la volonté populaire qui tranchera. Le peuple aura à décider ce jour-là, à la lumière du bilan du président vénézuélien de lui renouveler sa confiance et le reconduire ou au contraire la lui retirer. Il faut dire que l'estime dont jouit Chavez s'explique largement par le recouvrement de la souveraineté sur de nombreux secteurs clés de l'économie nationale et la nationalisation des grandes entreprises ainsi que le succès de ses programmes sociaux de logement, d'éducation et de santé, financés par la manne pétrolière enfin redistribuée. Ainsi, la pauvreté a reculé de 44% des foyers en 1998 à 30% aujourd'hui. A l'échelle régionale, le président vénézuélien est devenu le chef de file des nouveaux dirigeants latino-américains, se posant en rempart contre l'impérialisme américain. Il a pour cela initié le projet de création de la Banque du Sud comme alternative aux institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale). Destinée à financer le développement des pays du Sud, cette institution financière est également appelée à jouer un rôle clé dans la promotion de la coopération Sud-Sud. Rachid N.