Annoncées au début du mois en cours par le ministre du Commerce, M. Hachemi Djaâboub, les mesures devant recentrer les activités d'importations entreront en vigueur demain. Pour rappel, M. El Hachemi Djaâboub avait annoncé que les entreprises étrangères commerciales installées en Algérie devront, désormais, ouvrir leur capital aux sociétés nationales importatrices à hauteur de 30% au minimum. Cette mesure concerne 1 600 étrangères - sur les 23 500 entreprises importatrices opérant en Algérie au premier rang desquelles figurent les importateurs d'automobiles. L'obligation doit s'appliquer à partir du 1er mars pour les nouveaux arrivants et d'ici au 30 septembre pour les autres. L'objectif de ces nouvelles instructions étant de réduire la facture des importations, laquelle a atteint des plus hauts en 2008. Néanmoins, les nouvelles orientations du gouvernement font déjà jaser les milieux économiques étrangers, notamment français, lesquels pensaient que le marché algérien leur était acquis. Un simple tour d'horizon de la presse d'outre-mer permet de prendre conscience des réticences affichées en France. Ainsi, les quotidiens «Le Monde» et «Le Figaro», ainsi que le quotidien économique « Les Echos » ont consacré des articles à la question dans leurs dernières éditions. La presse française est unanime à dépeindre «l'inquiétude» des opérateurs français par rapport à la batterie de mesures prises dernièrement par le gouvernement afin de recentrer l'activité économique. Il est vrai que jusqu'à présent, les responsables aux commandes des missions économiques étrangères se sont bien gardés de commenter les décisions du gouvernement, se contentant de les qualifier de légitimes et relevant de la souveraineté nationale. Ils semblent, néanmoins, vouloir sortir de leur réserve par presse interposée. Se faisant parfois conciliants et parfois menaçants, les commentaires fusent et s'accordent à dire que les dernières mesures prises par le gouvernement ne sont pas pour encourager l'afflux d'investisseurs. Dans le viseur : les directives d'Ouyahia ayant pour objet de recadrer l'investissement étranger. Ainsi, «Les Echos» annonce qu'«une instruction inquiète les entreprises de production souhaitant s'installer dans le pays. Car les futurs investissements ne pourront être réalisés qu'en partenariat avec des acteurs nationaux devant détenir 51 % de l'investissement. Autre volet, plus inquiétant : tout projet devra générer plus d'entrées que de sorties de devises. Cela empêcherait quasiment tout investissement étranger dans le pays !». «Les Echos» va plus loin en estimant que les entreprises étrangères affirment ne pas comprendre ces nouvelles mesures les assimilant à une épée de Damoclès sur la tête des investisseurs présents ou potentiels. Il faut le dire, c'est une bien étrange façon de rendre compte des instructions du Premier ministre ! Car si le gouvernement a institué l'obligation d'une répartition du capital dans laquelle l'actionnariat national serait majoritaire, on oublie souvent de dire que dans l'absolu, un investisseur pourrait s'associer à deux partenaires algériens qui détiendraient chacun 30 % du capital, alors que les 40 % lui échoirait, lui accordant ainsi la suprématie sur la gestion. On oublie aussi d'évoquer les avantages accordés par le régime de l'investissement et la possibilité de lever des fonds sur le marché financier local. Plus menaçants, certains commentaires indiquent que les Français et les Américains, s'apprêtent à saisir les autorités pour obtenir des explications sur la situation. D'autres affirment que les dernières instructions vont à l'encontre des engagements pris par l'Algérie dans le cadre de l'accord d'association avec l'UE. Certains vont même jusqu'à prévenir que ces mesures, qui ont pour objectif de réduire les importations, vont au contraire les encourager en poussant les investisseurs potentiels à préférer l'Algérie à d'autres pays maghrébins à l'instar de la Tunisie ou du Maroc, «ce qui serait intenable pour le pays dans un contexte de chute des cours du baril de pétrole», écrit «Les Echos». Mais disons-le. L'Algérie a ouvert son marché, consentit des avantages énormes pour attirer des investisseurs qui ne sont jamais venus. Bien au contraire, le marché algérien a été envahi par des biens importés et la facture des importations a progressé de 300% en six ans. Cela n'a pas été accompagné pour autant par une progression significative des investissements. Or, la conjoncture actuelle marquée par la baisse des prix du pétrole impose une réflexion sur l'usage que l'on doit faire de nos ressources et sur la manière dont on doit insuffler une dynamique de développement à l'économie algérienne. Il est vrai qu'on est en passe d'opérer un recentrage, mais cela ne veut pas dire qu'on est en train de remettre en cause l'ouverture de l'économie algérienne. Il s'agit juste d'assurer la viabilité de l'économie nationale, et cela n'est pas propre à l'Algérie. C'est aussi le cas dans de nombreux pays de vieille tradition libérale. Samira G.