Les investisseurs, tant nationaux qu'étrangers, qui misent sur le moyen et long terme sont totalement désemparés face au changement périodique du cadre juridique en Algérie et risque de faire fuir le peu de capitaux, surtout en cette période de crise qui montre le rapatriement massif vers les pays d'origine. Dans une note adressée, hier, à la rédaction, l'expert international, Abderrahmane Mebtoul, a plaidé pour le changement des textes actuels en vigueur. Lors de différents conseils de gouvernements tenus durant toute l'année 2007, une nouvelle organisation est proposée par le ministère de la Promotion des investissements, articulée autour de quatre grands segments : des sociétés de développement économique qui relèvent de la gestion exclusive de l'Etat gestionnaire ; des sociétés de promotion et de développement en favorisant le partenariat avec le secteur privé international et national ; des sociétés de participation de l'Etat appelées à être privatisées à terme ; et enfin, une société chargée de la liquidation des entreprises structurellement déficitaires. Selon l'économiste algérien, depuis cette date, cette proposition d'organisation, qui n'a pas fait l'unanimité au sein du gouvernement, est abandonnée et une commission qui n'a pas donné de conclusion est créée pour examiner l'avenir des différentes sociétés des participations de l'Etat (SGP). En effet, plusieurs entreprises étatiques de travaux publics sont passées, depuis le début du mois de février 2009 sous la tutelle du ministère des Travaux publics et celui de l'Habitat. Par ailleurs, depuis décembre 2008 à ce jour, de nouvelles mesures gouvernementales sont entrées vigueur. Dorénavant, il ne sera plus permis aux investisseurs étrangers de détenir la majorité du capital pour toute nouvelle création d'entreprise en Algérie, ou pour toute opération de privatisation, l'Etat devenant majoritaire, ce qui nécessitera des besoins de financement croissants sur fonds propres. En résumé, ces changements d'organisation périodiques démobilisent, de l'avis de Mebtoul, les cadres du secteur économique public, et même les investisseurs locaux et étrangers, montrant clairement la dominance de la démarche administrative. Dans ce contexte, l'économiste averti, qu'il ne faut pas s'attendre à une dynamisation de la production et exportation hors hydrocarbures, même si la crise est appelée à se terminer un jour. « Il s'agit de ne pas confondre le rôle de l'Etat régulateur stratégique en économie de marché avec le retour à l'étatisme des années 1970 qui, selon mon point de vue, serait suicidaire pour le devenir du pays, et ne pas diaboliser le secteur privé », affirme-t-il. L'économiste algérien citera l'exemple des plans de relance entrepris à l'internationale. En effet, sur les 800 milliards de dollars dégagés pour soutenir les activités aux USA, les 600 milliards de dollars pour l'Europe, plus de 80% sont destinés au secteur privé. Que représente le modeste montant de 140 milliards de dollars de réserves de change algériens face à ces centaines de milliards de dollars injectés pour essayer de sauver la sphère réelle ? se demande l'expert. Sur cette lancée, ce dernier explique que la prochaine réunion du G20 devrait s'inscrire dans le cadre d'une mutation profonde du capitalisme et éviter, ainsi, le protectionnisme néfaste qui pénalise d'ailleurs les pays les plus pauvres, ayant été à l'origine de l'accélération de la crise de 1929. Lotfi.C