Au moment où la crise économique et le changement climatique portent la gestion des forêts au premier plan de l'intérêt mondial, la réforme des institutions forestières et l'accroissement des investissements de la science et de la technologie sont essentiels pour un meilleur aménagement des forêts, souligne la Fao dans son rapport intitulé. “La Situation des forêts du monde 2009 " paru hier. Le rapport brosse un tableau mitigé avec un accroissement des superficies boisées dans certaines régions et des diminutions dans d'autres. En particulier, les pays au premier stade du développement sont confrontés à d'immenses pressions sur leurs forêts et au dilemme douloureux entre contraintes économiques immédiates et avantages à long terme. Les faiblesses institutionnelles demeurent le problème le plus épineux. La demande mondiale de produits et de services environnementaux devrait augmenter au cours des prochaines décennies, fait remarquer le rapport. Les politiques relatives à l'énergie et au changement climatique amplifient le recours au bois comme source d'énergie, même si cette tendance pourrait subir le contrecoup du récent ralentissement de l'activité économique. A court terme, les forêts et la foresterie subiront les répercussions de la crise économique mondiale. La demande réduite de bois et de produits ligneux suite à l'effondrement du secteur du logement et le resserrement du crédit ont un grave impact négatif sur les investissements dans l'industrie et sur la gestion forestière. On s'inquiète du fait que certains gouvernements puissent diluer les objectifs verts précédemment ambitieux ou repousser les décisions fondamentales liées à la mitigation et à l'adaptation au changement climatique pour se concentrer sur la crise économique, souligne le document de la Fao. En outre, la contraction des secteurs formels de l'économie laisse souvent la porte ouverte à l'infiltration du secteur informel et pourrait porter à une intensification de la coupe illégale. La crise actuelle peut cependant faire naître des opportunités. Un regain d'attention à l'égard du "développement vert" pourrait donner une nouvelle orientation à l'essor du secteur forestier. La plantation d'arbres, l'accroissement des investissements dans l'aménagement forestier durable et la promotion active du bois dans les pratiques écologiques de construction et les énergies renouvelables deviendront tous partie intégrante du "développement vert", selon le rapport. Les ressources forestières d'Europe devraient continuer à progresser, car lorsqu'on dépend de moins en moins de la terre, et que les revenus augmentent, on se préoccupe de la protection de l'environnement et on met en place des cadres politiques et institutionnels valides. L'Europe représente quelque 17 % des terres émergées de la planète mais compte un quart des ressources forestières mondiales, soit environ 1 milliard d'hectares, dont 81 % en Fédération de Russie. En Amérique du Sud, il y a peu de chances que le rythme régresse dans un avenir proche, et ce en dépit de la faible densité démographique. Les prix élevés de la nourriture et du carburant favoriseront le défrichement continu des forêts pour les pâturages, les cultures fourragères et vivrières et les biocarburants. En Afrique, on prévoit que la disparition des forêts se poursuivra aux rythmes actuels. La demande et le prix croissants de la nourriture et de l'énergie exacerberont la situation, en particulier à mesure que les investissements accrus dans les infrastructures ouvrent de nouvelles zones. La fréquence croissante des sécheresses, la raréfaction des disponibilités en eau et les inondations mettent à dure épreuve les mécanismes d'adaptation au niveau local et national et compromettent les efforts de gestion durable des forêts africaines. Le proche avenir de la foresterie d'Amérique du Nord dépendra de la rapidité avec laquelle la région invertit le récent ralentissement de l'économie et son impact sur la demande de bois et de produits ligneux, notamment aux Etats-Unis, selon le rapport. Le secteur forestier devra également relever les défis du changement climatique, y compris la fréquence et la gravité croissantes des feux de forêt et les dégâts causés par les espèces invasives de ravageurs, conclut le rapport. Dalila B.