Plusieurs gouvernants de centre-gauche, dont le Premier ministre britannique Gordon Brown, le vice-président américain Joe Biden, réunis en sommet à Viña del Mar (Chili), étudient ce week-end une réponse à la crise économique internationale. Les chefs d'Etat ou de gouvernement, dont le Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, l'Espagnol Jose Luis Zapatero, et près de 200 ministres, conseillers, économistes, vont plancher sur les moyens de saisir "l'instant progressiste" créé par "la fin de l'hégémonie néo-libérale" née de la crise. "Si le centre-gauche ne parvient pas à présenter une alternative crédible qui puisse bénéficier à l'ensemble de la population, il risque de perdre toute pertinence politique, et d'aggraver encore la crise", pose le document introductif du sommet. Ce rendez-vous mondial des dirigeants de centre-gauche, initié en 1999 par le président américain d'alors Bill Clinton, en est à sa 6ème édition. Et a sans doute rarement autant senti "les opportunités" offertes à ce courant de pensée, qu'en ces temps de grave crise internationale. Il intervient à un moment-clef à l'heure d'affiner certains arguments de politique macro-économique, à quelques jours du sommet des 20 grands pays riches et émergents (G20) le 2 avril à Londres. "Alors que s'effondre la foi en les marchés non régulés, les progressistes doivent urgemment remplir le vide idéologique qui risque d'être investi par les populistes", prévient l'agenda du sommet de Vina del Mar (ouest de Santiago), que cornaque le groupe de réflexion Policy Network.Car cet "échec de la pensée néo-libérale" génère des vues très différentes sur ce qui doit être fait selon les pays, "sur la viabilité et l'impact des plans de relance globale, le degré requis de réglementation financière, ou les mesures pour corriger les grandes inégalités", poursuit l'agenda. Ces questions seront au coeur d'une discussion des chefs d'Etat samedi, et de la conférence préparatoire vendredi, avec le rôle de l'Etat, la protection sociale, le changement climatique donnant lieu à des forums distincts. Après Berlin, Stockholm, Londres, Budapest, Johannesbourg puis Londres de nouveau en 2008, c'est la première fois que le "sommet des progressistes" se tient en Amérique latine. Une manière de saluer la bonne tenue de certains pays de la région -et de leurs dirigeants de gauche- dans la crise. C'est le cas de la présidente socialiste du Chili Michelle Bachelet, dont la réponse politique à la crise qui touche à son tour Santiago, via investissements d'infrastructure et aide sociale, rencontre des taux de popularité (près de 60%) à faire pâlir plus d'un homologue européen. Des réunions bilatérales pourraient se tenir en marge du sommet, qui coïncide avec des visites officielles de Gordon Brown, puis Joe Biden, au Chili. Le vice-président américain devrait notamment préparer avec des dirigeants sud-américains le sommet des Amériques d'avril à Trinité-et-Tobago, qui sera le premier grand-rendez vous du continent avec Barack Obama.