Des individus cagoulés, armés de grenades et de fusils d'assaut, ont commis lundi soir un massacre parmi les convives d'une noce dans le sud-est de la Turquie, où ils ont tué 44 personnes, dont 16 femmes et six enfants, déclare le ministre de l'Intérieur, Besir Atalay. Ce dernier a indiqué qu'au vu des premiers éléments de l'enquête, le carnage relevait d'une vendetta entre clans et non d'une attaque terroriste liée aux séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), actifs dans le sud-est de la Turquie. "Le procureur de la République a passé toute la nuit à entendre des témoins. Huit personnes ont été arrêtées et leurs armes confisquées. On peut présumer qu'il s'agit d'une affaire de vendetta entre deux clans", a dit Atalay au cours d'une conférence de presse. "Les premiers éléments montrent, jusqu'à plus ample informé, qu'il ne s'agit pas de l'oeuvre d'un groupe terroriste", a-t-il aux journalistes. Il a noté que ceux qui avaient été arrêtés et ceux qui avaient été tués portaient le même patronyme, ce qui laisse penser à une rivalité clanique. Une vieille querelle opposait des groupes rivaux au sein d'une milice villageoise pro-gouvernementale, qui comprenait les familles du futur marié et de sa fiancée. Or, l'une des familles était hostile à leur mariage, a expliqué un responsable local à la chaîne de télévision Haberturk TV. Les deux mariés ont péri dans le carnage, qui a duré un quart d'heure, rapporte l'agence de presse Anatolie. Il s'agit d'une des attaques les plus meurtrières contre des civils dans l'histoire récente du pays. Les assaillants, qui selon un témoin étaient une demi-douzaine, ont pénétré dans deux maisons où les convives priaient, après la cérémonie de mariage. Le drame s'est déroulé à une vingtaine de kilomètres de la capitale provinciale Mardin. Les agresseurs ont ouvert le feu et lancé des grenades sur les convives, a dit à Reuters le vice-gouverneur de la province, Ahmet Ferhat Ozen. Environ 200 personnes participaient à la célébration de la noce. Les assaillants ont réussi ensuite à quitter la région en franchissant la frontière avec la Syrie avant que les soldats n'aient encerclé le village et coupé les routes, ont indiqué les autorités dans un premier temps, avant que le ministre de l'Intérieur annonce huit arrestations. La traque a en outre été perturbée par une tempête de sable. Selon l'agence de presse Anatolie, la jeune femme qui se mariait lorsque l'attaque est intervenue était la fille du chef du village. D'après des médias locaux, les familles des deux mariés comprennent des membres de la Garde villageoise, milice fortement armée qui compte 57.000 hommes et a été créée en 1985 par les autorités turques dans le sud-est du pays afin de protéger les localités des attaques du PKK, de fournir des renseignements à l'armée et de patrouiller dans les montagnes. Le PKK, lui, a lancé son insurrection un an plus tôt, en 1984. Le chef du village de Bilge, Hamit Celebi, et dix membres de sa famille ont péri dans le massacre, écrit Anatolie. Les actes de vendetta ne sont pas rares dans le sud-est de la Turquie, même s'il est peu courant que le bilan soit aussi lourd. Atalay, qui a rendu compte du massacre au Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, comptait se rendre dans la journée de mardi dans le village en deuil, en compagnie du ministre de la Justice, Sadullah Ergin, et d'élus de la province de Mardin.