Les autorités turques ont libéré hier 29 des 34 civils et rebelles kurdes qui s'étaient présentés lundi à un poste frontière turco-irakien pour soutenir le projet de réformes d'Ankara, décidant de retenir les cinq autres, a-t-on indiqué de source judiciaire. Huit rebelles venant d'une base du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatiste) dans les monts Kandil (nord de l'Irak), se sont présentés, sans armes, au poste frontière de Habur. Ils étaient accompagnés d'un second «groupe de paix» - selon la terminologie employée par le PKK - composé de 26 civils, dont femmes et enfants, en provenance du camp de réfugiés kurde de Makhmour (nord de l'Irak), où résident depuis les années 1990 quelque 12.000 kurdes exilés de Turquie sous la supervision du PKK. Dès leur arrivée en territoire turc, les 34 personnes ont été interrogées à Silopi, ville du sud-est anatolien proche de la frontière irakienne, par des procureurs pour déterminer s'ils ont commis des crimes afin éventuellement de les incarcérer. Trois rebelles et deux civils étaient retenus mardi par les autorités dans l'attente de documents officiels sur leur sort, les procureurs qui les ont entendus ayant demandé leur mise en arrestation, ont souligné des sources judiciaires. Des manifestations de soutien à l'initiative du PKK ont eu lieu lundi dans plusieurs villes. Le PKK a annoncé la semaine dernière qu'il allait envoyer en Turquie des «groupes de paix» provenant d'Irak et d'Europe à l'appel de son chef emprisonné Abdullah Öcalan, pour soutenir les efforts menés par le gouvernement turc en vue d'une résolution du conflit kurde. Le gouvernement s'apprête à présenter au Parlement des mesures en faveur de la communauté kurde afin de faciliter une résolution du conflit dans le sud-est anatolien, où l'organisation et les forces de sécurité mènent depuis 1984 une guerre qui a fait 45.000 morts. Le ministre turc de l'Intérieur a estimé hier que le retour depuis l'Irak de rebelles et civils kurdes allait se poursuivre après l'arrivée lundi d'un premier groupe et a appelé une nouvelle fois les séparatistes à se rendre. Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, clandestin) a toutefois rejeté une éventuelle reddition. «Nous nous attendons dans une première étape à l'arrivée par petits groupes de 100-150 personnes», a ainsi dit le ministre de l'Intérieur Besir Atalay, cité par l'agence de presse Anatolie. Selon lui, ces «retours au foyer» s'inscrivent dans le cadre d'un projet de réformes pro-kurde du gouvernement, baptisé «ouverture démocratique» qui, a-t-il estimé, doit entraîner un démantèlement du PKK. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan qui a qualifié ce retour de «positif», a lui aussi appelé les rebelles à se rendre. «Qu'ils reviennent au plus vite dans leur pays», a-t-il dit lors d'un discours au Parlement, rejetant une nouvelle fois tout dialogue avec le PKK. Depuis le nord de l'Irak, où le PKK dispose, selon Ankara, de quelque 2000 rebelles, Cemil Bayik, un chef militaire du PKK, a affirmé que ses hommes «ne descendront pas de la montagne» tant que la Turquie ne «changera pas de mentalité» et ne renoncera pas à «détruire» les Kurdes