Le Directeur général du FMI, M. Dominique Strauss-Kahn, appelle à une action plus soutenue pour combattre les retombées de la crise mondiale en Afrique. Certes, dans un discours prononcé hier devant le corps diplomatique africain de Washington, M. Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international (FMI), a engagé les pays africains et la communauté internationale à poursuivre leurs efforts afin de combattre les retombées de la crise économique et financière mondiale. Il a indiqué que «l'Afrique est une victime innocente du tsunami financier qui ravage la planète ». «Elle n'avait pas commis les erreurs des pays avancés responsables de cette crise». Il ajouté que «la région avait en grande partie fait ce qu'il fallait, en adoptant des politiques macroéconomiques prudentes et en accumulant des réserves ». « La conjoncture était favorable, les cours des matières premières étaient élevés et le commerce florissant, et la communauté internationale attachait une grande priorité à l'aide et à l'allégement de la dette», a-t-il affirmé. Par ailleurs, M. Strauss-Kahn a souligné les dimensions humaines de la crise : «Tous les pays devront impérativement renforcer et cibler leurs dispositifs de protection sociale, ou pour le moins faire en sorte de ne pas couper les crédits, cela est vital pour éviter que les populations les plus vulnérables ne soient emportées par le raz-de-marée de la crise». M. Strauss-Kahn a rappelé que, compte tenu de la vulnérabilité des populations du continent, il était plus impérieux qu'ailleurs de surmonter la crise. Dans toute la mesure du possible, les gouvernements africains doivent user de la relance budgétaire et du levier de la politique monétaire et de la politique de change pour enrayer les effets de la crise et éviter qu'elle n'aggrave la pauvreté. Les partenaires au développement doivent par ailleurs faire preuve d'une plus grande détermination dans la mobilisation de l'aide afin d'accompagner le continent dans la mise en œuvre de ses politiques. M. Strauss-Kahn a rappelé que, d'après les études de la Banque mondiale, cette année près de 50 millions de personnes pourraient tomber sous le seuil de pauvreté (2 dollars par jour) si les besoins de financement des pays ne sont pas satisfaits, ajoutant que «trois millions d'enfants de plus risquent de mourir d'ici 2015 si la crise persiste ; nous devons à tout prix éviter cela». M. Strauss-Kahn a engagé les partenaires au développement de l'Afrique à donner suite aux engagements pris au sommet de Gleneagles d'accroître l'aide au continent, et rappelé qu'il était «vital» de combattre les tendances protectionnistes et d'ouvrir davantage les marchés aux produits africains. Le FMI entend accroître de 6 milliards de dollars les prêts concessionnels durant les deux ou trois années à venir après l'engagement pris par les dirigeants de la planète de doubler la capacité du FMI à octroyer ce type de concours, mais le directeur général a ajouté qu'il fallait faire encore plus. Selon lui, «la mobilisation des ressources n'est pas suffisante. Les financements du FMI doivent également devenir plus modulables». Il a ajouté que «nous devons mieux adapter nos programmes de prêt aux besoins des pays membres». «Nous avons déjà doublé les limites d'accès sur tous nos concours financiers, y compris pour les pays à faible revenu, pour faire comprendre aux pays que nous pouvons répondre à leurs besoins», a t-il précisé. «La facilité de protection contre les chocs exogènes a été réaménagée de manière à nous donner les moyens de réagir vite, en effectuant des décaissements élevés et immédiats lorsque les circonstances l'exigent». «Nous avons par ailleurs entrepris de modifier nos dispositifs de prêts concessionnels pour les rendre plus souples et plus utiles», a indiqué M. Strauss-Kahn. Les conditions dont sont assortis les concours financiers du FMI ont été allégées et mieux adaptées aux particularités locales des pays à faible revenu. Les objectifs budgétaires ont été relâchés dans près de 80 % des programmes mis en œuvre par les pays africains avec l'appui financier du FMI, ce qui leur donne une plus grande latitude pour s'adapter à la crise. M. Strauss-Kahn a ajouté que «le FMI avait entrepris de revoir ses politiques en matière de limites d'endettement public, afin de les rendre plus flexibles». Enfin, il a souligné que «le FMI n'est pas seul à venir en aide à l'Afrique; il ne saurait l'être. Pour aider l'Afrique à surmonter la crise, tous les partenaires au développement doivent donner suite à leurs engagements».