La baisse des cours du pétrole risque fort de compromettre de nombreux projets pétroliers. Chose qui préoccupe non seulement les pays de l'Opep mais les grandes compagnies pétrolières. Dans ce sens, les responsables de la major pétrolière italienne Eni plaide pour un baril solide pour maintenir les investissements dans le secteur. En effet, le président du groupe pétrolier italien Eni a estimé hier qu'un prix "raisonnable" du baril de pétrole, qui permettrait de ne pas pénaliser les investissements, se situait entre 60 et 70 dollars, rejoignant ainsi les positions de plusieurs responsables de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Au cours de la réunion des ministres de l'Energie du G8 que M. Roberto Poli a estimé que "quel que soit le futur de l'énergie que nous avons en tête, il sera strictement dépendant des prix du pétrole " avant d'ajouter que "la persistance des grandes incertitudes liées au prix du pétrole pourrait perturber le secteur de l'énergie tout entier, bloquant les investissements traditionnels et dans les sources alternatives" dont le nucléaire et les renouvelables. Il n'y a pas de formule magique" pour définir un prix du baril "raisonnable", mais selon M. Poli "60-70 dollars le baril pourrait être l'+échelle magique+ d'un prix raisonnable". Un tel niveau de prix permettrait, selon le président d'Eni, d'inciter les entreprises à investir en leur garantissant un retour sur investissement, de ne pas pénaliser la croissance économique et de ne pas inciter au gaspillage. Afin de limiter l'instabilité des prix, M. Poli a lancé un appel aux gouvernements pour plus de régulation du marché du pétrole, "qui reste si opaque et incontrôlable". Passés d'un record absolu de 147,50 dollars en juillet à 32,40 dollars en décembre, les cours du pétrole se sont graduellement raffermis depuis le début de l'année et viennent de repasser la barre des 60 dollars. Il faut dire que la réunion des ministres de l'Energie du G8 et à laquelle participe le ministre algérien de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, se penche deux jours durant sur la baisse des investissements dans des projets énergétiques qu'entraîne la crise économique et financière. Dans ce sens, un rapport publié par l'Agence internationale de l'Energie à l'occasion indique que l'investissement dans la prospection et la production d'hydrocarbures devrait diminuer de 21% cette année, soit de près de 100 milliards de dollars. Parallèlement, la consommation mondiale d'électricité pourrait être inférieure de 3,5% à ce qu'elle était l'an dernier. Il s'agirait de la première baisse annuelle depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, précise le rapport publié dimanche à l'occasion de la réunion à Rome des ministres de l'Energie des pays du G8. "Nous estimons que les budgets d'investissement en amont dans le pétrole et le gaz ont déjà été amputés d'environ 21% par rapport à 2008", indique le rapport. Dans ce domaine de la prospection-production, plus de 20 très gros projets, d'une valeur totale supérieure à 170 milliards de dollars, ont été reportés sine die ou purement et simplement annulés entre la fin octobre et la fin avril, selon l'AIE. Ces projets représentaient des volumes de production d'environ deux millions de barils par jour pour le pétrole et d'une capacité d'un milliard de mètres cubes par jour pour le gaz. En outre, 35 projets ont été retardés d'une durée d'au moins 18 mois. Les réductions d'investissements ne se répercuteront sur les capacités de production qu'avec retard. A court terme, la baisse de la demande devrait se traduire par une augmentation des réserves de production, indique l'AIE. Mais, si la tendance observée devait se poursuivre, une pénurie de capacité pourrait se produire ou une nouvelle flambée des prix de l'énergie, une fois la reprise économique apparue, prévient l'AIE. Samira G