La semaine n'a dernière n'a pas été des plus prolifiques pour les pétrolières. Les grandes multinationales du pétrole et du gaz ont, en effet, publié des résultats qui illustrent le marasme dans lequel se débats l'industrie énergétique. Baisse des cours oblige les plus grandes compagnies pétrolières à l'image de Halliburton, Chevron, BP, Eni et bien d'autres annoncent des revenus en chute libre. Celles-ci n'hésitent pas non plus à annoncer le gel ou le report de leurs nombreux projets d'investissement dans l'exploration pétrolière. Cela met un terme à la polémique ayant entouré les prix du baril. Il faut savoir que de nombreux pays consommateurs avaient remis en cause la nécessité de maintenir le prix du baril à un seuil minimum de 70 dollars afin de maintenir les investissements. Un rapport du cabinet londonien CGES a considéré que les prix du pétrole sont bien plus liés aux besoins budgétaires des pays producteurs qu'aux investissements pour assurer l'approvisionnement futur en or noir. Ce à quoi le secrétaire général de l'Organisation des pays producteur de pétrole (Opep), Abdellah El-Badri avait rétorqué depuis Alger que " le prix de 50 dollars le baril n'est pas suffisant pour couvrir les frais des investissements futurs. Le prix qui permet des recettes raisonnables et acceptables est de plus de 70 dollars le baril ". aussi, M. Abdellah El Badri a spécifié que la crise n'a pas empêché les pays de l'Opep de poursuivre les 160 projets engagés. Reste que 35 parmi ces projets sont reportés pour 2013. il faut savoir que cette problématique ne concerne pas seulement les pays de l'Opep, mais l'ensemble des pays producteurs. On peut citer l'exemple du brésilien Petrobras qui s'est lancé dans la mise en exploitation des gisements récemment découvert au large de la côte brésilienne en face de Sao Paulo. Petrobras a prévu 174 milliards de dollars d'investissements sur la période 2009/2013 pour pourvoir amener le Brésil à l'autosuffisance énergétique. Trois fois hélas, le prix du baril s'est brutalement écroulé. Les majors pétrolières sont donc confrontées aux mêmes difficultés à rentabiliser leurs investissements. Les budgets d'exploration des pétroliers ont été revu largement à la baisse et leurs sous traitants, les sociétés de services pétroliers et d'ingénierie comme Sclumberger, Technip,Halliburton et d'autres diminuent actuellement leurs effectifs. Les investissements de Total devraient "être réduits en termes de valeur" tout en restant stables en volume, a affirmé Christophe de Margerie, Directeur Général de Total. Deuxième producteur en importance en Europe, British Petroleum a annoncé un plongeon de 64% de ses profits au premier trimestre, mardi dernier, le géant britannique a aussi réduit pour la deuxième fois son budget d'exploration. BP abaisse ainsi de 10% ses investissements prévus en 2009, à moins de 20 milliards US. L'italienne Eni SpA qui enregistre des profits en baisse de 43% au 1er trimestre va aussi freiner ses dépenses, ayant reporté des investissements prévus dans des gisements pétrolifères. Même chose à Petro-Canada qui avec une perte perte de 47 millions contre un profit de 1,1 milliard un an plus tôt, vient de suspendre le projet de sables bitumineux Forts Hills, en Alberta. Le mois dernier, l'AIE a invité les producteurs à continuer d'investir, en tablant sur un regain des prix avec la reprise économique. Sinon, le monde vogue vers "une grave pénurie de pétrole en 2013", prévient l'agence. Le recul des investissements porte le germe d'une pénurie "catastrophique" et d'une flambée des prix, a averti pour sa part Ali Al Nouaïmi, le ministre saoudien du pétrole, lors d'un séminaire international sur l'énergie en mars. Pour répondre à la croissance de la demande mondiale d'ici à 2030, il faudra une capacité de production de 64 mbj, soit huit fois la production de l'Arabie Saoudite, estime l'AIE. "Les bas prix d'aujourd'hui préparent le terrain pour une nouvelle poussée de prix dans l'avenir", a prévenu le numéro 2 du Fonds monétaire international (FMI), John Lipsky, dans une récente allocution. "Plus les prix du pétrole chuteront et plus ils resteront bas longtemps, plus cela aura un impact négatif sur l'offre future", prévient M. Lipsky. Samira G.