Quels mécanismes mettre en place pour faire face à la crise financière mondiale ? C'est là un point débattu par les députés lors de la reprise de la session de l'Assemblée populaire nationale samedi dernier. Les députés ont affirmé au cours du débat que le plan d'action du gouvernement doté d'une enveloppe de 150 milliards de DA nécessite des mécanismes d'accompagnement afin de rationaliser les dépenses publiques et de lutter efficacement contre toutes formes de dilapidation de deniers publics. Les élus ont également insisté sur l'intérêt de mettre en place "des mécanismes efficaces de contrôle et de suivi". Par ailleurs, le débat s'est porté sur la diversification de l'économie nationale pour alléger la facture d'importation. Cette tendance haussière de l'importation ne peut être sans impact sur le budget de l'Etat. Pour les spécialistes, l'Algérie peut s'engouffrer dans un déficit important si les dépenses ne sont pas réduites surtout durant cette conjoncture marquée par la crise économique et, par conséquent, par la dégringolade des prix du baril de pétrole. Le déficit budgétaire se situe actuellement à 18%. Mustapha Mékidèche, vice- président du Conseil national économique et social a averti quant au risque de l'aggravation du déficit durant l'année en cours. Pour cet économiste, les recettes pétrolières ne vont pas dépasser les 40 milliards de dollars, c'est-à-dire la moitié des fonds générés par l'exportation du pétrole au cours de l'année 2008. Devant cette situation le Fonds monétaire international a récemment recommandé à l'Algérie "une rationalisation accrue des dépenses publiques, et une meilleure maîtrise des dépenses courantes, ainsi qu'une mobilisation encore plus efficace des recettes fiscales hors hydrocarbures". Pour l'instance de Breton Woods, la politique budgétaire algérienne de 2009 devra "protéger la demande intérieure contre la baisse des cours mondiaux des hydrocarbures". L'on annonce d'ores et déjà une loi de finance plus restrictive sur les dépenses publiques. Les dernières mesures prises pour la réduction des importations du blé, du lait et de beaucoup de produits de large consommation ainsi que la politique préconisée par le gouvernement Ouyahia pour booster les exportations hors hydrocarbures ne laisse guère de doute quant à la volonté de l'Etat de rationaliser les dépenses. Néanmoins, des spécialistes avertissent que des réformes multisectorielles doivent être engagées afin de concrétiser cette volonté. Un économiste spécialiste de la fiscalité nous a confié que l'Algérie, à l'instar de beaucoup de pays, doit engager un chantier de réforme de l'instrument fiscal. Pour lui il est grand temps de faire une évaluation des dépenses publiques afin de parvenir à un équilibre entre les recettes et les dépenses et évacuer les dépenses superflues. Par ailleurs, cet économiste conçoit que la réforme n'aboutisse pas sans l'engagement d'un ensemble de réformes dans les secteurs concernés "Les réformes doivent toucher tous les secteurs impliqués dans la planification et dans le contrôle des dépenses". Quant au mécanisme de contrôle, il plaide pour la réforme de l'APN "à commencer par la réforme de l'Assemblée populaire qui est censée contrôler les dépenses", a signifié un spécialistes. Car de son avis, la volonté de l'Etat d'aller de l'avant dans le contrôle des dépenses et dans la lutte contre la corruption et la dilapidation des deniers publics "implique de fait un contrôle par des élus du peuple". Mebarek B.