Dans un bilan positif des réalisations entre 2004 et 2008, Ahmed Ouyahia a mis en avant le niveau de l'investissement atteint : plus de 123 milliards de dollars et la croissance positive enregistrée l'année dernière. C'est un discours presque exclusivement économique que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a prononcé, hier à l'occasion de sa présentation du Plan d'action du gouvernement à l'Assemblée populaire nationale (APN). “La crise financière actuelle, qui secoue le monde, est à la fois sévère et brutale, et même si elle est durable, l'Algérie a les moyens d'y faire face”, a noté d'entrée Ahmed Ouyahia devant les députés des différents groupes parlementaires qui avaient, en effet, organisé des réunions la veille en vue de préparer leurs réactions au Plan d'action du gouvernement, adopté, pour rappel, le dimanche dernier en Conseil des ministres. L'argument du Premier ministre, selon lequel l'Algérie est armée pour faire face à la crise financière mondiale, s'explique à travers les mesures de précaution prises dans le passé. “L'Algérie a les moyens de contrer cette crise grâce aux mesures et décisions prises par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, ces dernières années”, notera-t-il avant de les citer une à une. Le système financier algérien est, de l'avis du Premier ministre, à l'abri en raison de “la révision en 2003 de la loi sur la monnaie et le crédit, ayant débouché sur l'assainissement de la place financière et la sanction par la législation de toutes les institutions financières fragiles ou douteuses”. En 2007, l'Algérie, expliquera encore le Premier ministre, avait pris la décision de “surseoir à la privatisation de ses banques publiques, les mettant ainsi à l'abri d'une contagion par la crise du système financier dans le monde”. Pourquoi ? “L'Algérie a refusé l'aventure des fonds souverains et décliné les appels à la convertibilité totale du dinar.” La décision de remboursement anticipée de la dette extérieure en 2005 est également brandie comme mesure de prévention contre l'actuelle crise financière au même titre que “l'interdiction, depuis 2004, de recourir à l'emprunt extérieur”. Dans ce cadre, le Premier ministre mettra en exergue la “prudence permanente” adoptée par la Banque d'Algérie dans le placement des réserves de change et la limitation des transferts des bénéfices par les sociétés étrangères. Sur la question des recettes du budget de l'Etat, affectées par la dégradation continuelle des prix du pétrole induite par la crise financière mondiale, le Premier ministre mettra en avant les mesures décidées pour faire face à cette situation. Il s'agit, dit-il, de la création dès 2000 du fonds de régulation des recettes extérieures, le financement du déficit budgétaire généré par les dépenses d'équipement et le remboursement anticipé de la dette publique interne. Abordant la croissance économique, le Premier ministre indiquera qu'elle est “appréciable et constante” depuis l'année 2000 et a su résister aux fluctuations des prix du pétrole. Voulant étayer ses dires à travers les chiffres comme il a l'habitude de le faire, le Premier ministre avancera que la croissance a été de l'ordre de 6,3% en 2007 hors hydrocarbures. Elle sera de 6% en 2008 et se maintiendra à 6% également en 2009. Enchaînant sur l'investissement, Ahmed Ouyahia annoncera qu'“entre 2004 et 2007, l'investissement a atteint plus de 8 000 milliards de DA dans le pays, soit plus de 123 milliards de dollars, les investissements de l'Etat ont atteint 5 300 milliards de DA, soit plus de 80 milliards de dollars consommés”. Dans le détail, le Premier ministre précisera que concernant l'investissement des opérateurs économiques, il a atteint “2 700 milliards de DA”. Ce qui équivaut à “41 milliards de dollars, dont 18 milliards de dollars pour le secteur privé national”. “Lesquels investissements sont soit des projets achevés soit en cours de réalisation”. Evoquant la stratégie industrielle, l'intervenant a annoncé qu'elle “a été parachevée et sera mise en œuvre à un rythme soutenu”, notamment à travers la mise à niveau des entreprises publiques disposant d'un plan de charge, et à travers la négociation de partenariats à même de renforcer les capacités en place, y compris dans le domaine des services, de sorte que l'industrie locale puisse contribuer davantage à la croissance sur la base de la productivité et de la compétitivité. Le taux de chômage reste élevé chez les jeunes Aussi et s'agissant de l'épineuse question du chômage, le Premier ministre annoncera qu'il a baissé, passant de “29% en 1999 à 11,8% en 2007”. L'argument du Premier ministre a été qu'il y avait eu “un engagement pour la création de 2 millions d'emplois entre 2004-2009”. “Et plus de 3 millions d'emplois ont déjà été créés avant la fin de 2007”, précisera-t-il encore à ce sujet. Il faut dire à ce sujet que 3,1 millions d'emplois ont été créés pour la seule période allant de 2004 à 2007, selon les chiffres présentés par le Premier ministre qui regrettera, néanmoins, que le chômage dans notre pays touche dans une large mesure la frange des jeunes. Quelles sont les perspectives ? Le gouvernement, dira le Premier ministre, poursuivra les réformes destinées à améliorer l'environnement, “aussi bien pour les citoyens que pour une activité économique saine, ainsi que la promotion de l'économie nationale”. Dans le même ordre d'idées, Ouyahia indiquera la “poursuite de la modernisation des services de contrôle commercial, des impôts et des douanes et le combat de l'activité parasitaire et les différentes formes de fraude qui entravent l'économie productive”, a-t-il précisé. La PME fera l'objet d'incitations rationnelles y compris pour sa mise à niveau. Il a annoncé qu'un dossier “sera également finalisé” au début de l'année 2009 en vue de “dynamiser le secteur de l'habitat, notamment la promotion immobilière et le respect des règles d'urbanisme”. Quoi qu'il en soit, et malgré l'optimisme du Premier ministre, les députés des différentes formations politiques, notamment ceux de l'opposition, viendront apporter la contradiction et la critique au Plan d'action du gouvernement durant trois jours de débats. Ouyahia répondra aux préoccupations et critiques des députés, le jeudi lors d'une séance plénière de l'Assemblée populaire nationale. NADIA MELLAL B.